Communisme

Au niveau théorique, le communisme est la conception d'une société sans classes sociales, une organisation sociale sans État, fondée sur la mise en commun des moyens de production, et qui peut être classée comme une branche du socialisme.



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Définitions :

  • nm (de commun). Modèle de développement qui forma au XX e siècle une étape historique du capitalisme. (source : archet)
  • I (général) Economie sans propriété privée. (Opposé à capitalisme*). Les biens sont reconnus comme communs. (source : humanismepur.free)

Au niveau théorique, le communisme est la conception d'une société sans classes sociales, une organisation sociale sans État, fondée sur la mise en commun des moyens de production (sans propriété privée), et qui peut être classée comme une branche du socialisme[1].

Au niveau politique, le communisme sert à désigner une variété de mouvements qui affirment chercher à établir à terme une telle société. Parmi les communistes, on trouve une énorme variété d'interprétations, essentiellement portées par les courants marxistes, mais également anarchistes et chrétiens. La première division s'est opérée entre anarchisme et marxisme au sein de l'Association internationale des travailleurs (Première Internationale). Néanmoins, les courants communistes qui se sont le plus distingués par leur influence sur l'ordre politique mondial depuis le début du XXe siècle sont d'influence marxiste, directement (Manifeste du Parti communiste) ou indirectement (léninisme). La lutte des classes joue un rôle central dans la théorie marxiste (et aussi dans d'autres tendances communistes). L'établissement du communisme correspond dans cette théorie à la fin de toute lutte des classes, la division des êtres humains en classes sociales ayant disparue.

Karl Marx, défendant l'obligation de l'autonomie du mouvement ouvrier et de l'internationalisme, soutenait que la société ne pouvait d'un coup être transformée depuis le mode de production capitaliste vers le mode de production communiste. Elle nécessitait une période de transition que Marx a quelquefois décrit comme la période révolutionnaire de dictature du prolétariat. Dans le Manifeste du Parti communiste, il définit le communisme comme «une association où le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous[2]». La société communiste imaginée par Marx, émergeant d'un capitalisme beaucoup développé, n'a jamais été établie, et demeure théorique.

Au niveau historique, le mot «communisme» est fréquemment utilisé pour désigner les régimes politiques et économiques gouvernés par des partis se réclamant du communisme. Certains de ces régimes se revendiquaient comme des «dictatures du prolétariat».

La notion de communisme est particulièrement controversée et sert à désigner fréquemment des réalités différentes selon les personnes qui l'utilisent. Le concept de communisme est l'objet d'un débat sémantique, selon deux axes qui interfèrent :

Étymologie

Le terme communisme vient du terme latin commūnis, ce qui est commun à un groupe, auquel s'adjoint le suffixe «-isme» désignant une doctrine. La commune serait aussi un des termes définissant le cadre du groupe (de ce qui lui serait commun) dans lequel se définit le communisme.

Les usages du terme

Divers usages existent autour du terme «communisme». Ainsi, il est indispensable de reprendre l'historique du mot et de séparer les différents courants mais aussi les différents concepts utilisés.

Qu'est ce que le communisme ?

En 1845, dans L'idéologie allemande, pour Marx et Engels, «le communisme n'est pas un état de choses qu'il convient d'établir, un parfait auquel la réalité devra se conformer.» Ils nomment «communisme le mouvement réel qui abolit l'état actuel des choses. Les conditions de ce mouvement résultent des données préalables telles qu'elles existent aujourd'hui.»[4]

En 1847, Friedrich Engels définit ce mouvement réel dans les «Principes du communisme». Ainsi, «le communisme est l'enseignement des conditions de la libération du prolétariat.»[5].

Communisme, marxisme, collectivisme

On sert à désigner parmi les premiers «marxistes» en France les Guesdistes comme Jules Guesde et Paul Lafargue qui ne se sont jamais d'ailleurs revendiqués comme marxistes ; contrairement et certainement aux Broussistes dans les années 1870 ainsi qu'à certains Hégéliens dans les années 1890 [6] et «autres amis de ce genre» dont Marx a dit : «je ne suis pas marxiste.».

Marx critiqua ainsi les visions toujours utopique de ces mouvements dont leur sentiment vont historiquement en France au socialiste Joseph Proudhon et au révolutionnaire Auguste Blanqui même parmi les Guesdistes ("marxistes français"). D'autre part, vers la fin de sa vie, n'a-t-il pas dit de ses gendres que Longuet était le dernier des proudhoniens et de Lafargue le dernier des boukaninistes ? De plus, les guesdistes, trop enthousiastes de cette nouvelle pensée, prévoient au contraire de Karl Marx une victoire rapide et facile contre les méfaits du capitalisme. Ainsi, pour les autres socialistes, les guesdistes font preuve de messianisme parce qu'ils citent constamment Marx soit d'une manière trop simpliste, soit comme un prêtre citant la Bible.

Cependant, dans son Introduction de la Guerre Civil, Engels rédigé que la Commune de Paris a sonné le glas des écoles proudhoniennes et du blanquisme puisque ses élus, majoritaires, ont fait le contraire de leur pensée, c'est-à-dire essayer de construire selon Marx le Communisme ; et qu'à partir de 1891, «c'est désormais la théorie de Marx qui y règne chez les «possibilistes» non moins que chez les «marxistes». Ce n'est que chez les bourgeois «radicaux» qu'on trouve toujours des proudhoniens.».

Ainsi, tandis que le proudhonisme a perdu de l'influence, est-ce cependant la pensée marxiste qui prédomine dans les milieux ouvriers français ? Même avec la diffusion du marxisme par Guesde et Lafargue dans le prolétariat, c'est le sentiment anarchiste par "l'action directe" et la Propagande par le fait qui prédominent. Les événements de Fourmies en 1891 exalté par l'anarchiste Renard, les lois scélérates en 1893, la formation de la CGT en 1895 (dominé par des syndicalistes révolutionnaires libertaires) l'attestent.

Et, comme le dira, en 1896, Wilhelm Liebknecht dans ces Souvenirs sur Marx : «Il n'y avait alors au sein de la classe ouvrière elle-même qu'une infime minorité qui se fût haussée jusqu'au socialisme ; et parmi les socialistes eux-mêmes, les socialistes dans l'esprit scientifique de Marx — dans l'esprit du manifeste communiste — n'étaient qu'une minorité. Le gros des ouvriers, étant donné qu'ils s'étaient éveillés à la vie politique généralement, étaient toujours plongés dans la brume des aspirations et des formules démocratiques sentimentales qui caractérisaient le mouvement de 1848 aussi que ses levers et baissers de rideau.».

Le communisme est fréquemment assimilé au mouvement marxiste.

Cependant, le marxisme n'est qu'une composante du communisme tout comme l'anarchisme. Selon Jules Guesde, les marxistes se posent en «double qualité de communiste – comme but – et de collectiviste – comme moyen –»[7].

Ces derniers se font appeler les collectivistes. En effet, dans son sens ancien, le communisme prescrivait la mise en commun de l'ensemble des biens. C'est par «collectivisme» qu'on désignait les doctrines de mise en commun des seuls moyens de production.

Cependant, «Le collectivisme ne se distingue pas du communisme scientifique, tel qu'il est sorti de la critique maîtresse de Karl Marx. Si cette appellation a prévalu en France, c'est que, pour les besoins de notre propagande, il y avait lieu de nous distinguer des divers dispositifs communistes qui, forgés de toutes pièces par des hommes qui plus est ou moins de bonne volonté ou de génie, versaient tous dans l'utopie. »[8]

Ainsi, peu après la commune de Paris en 1871, et jusqu'en 1917, les marxistes se sont désignés comme «collectivistes» et la majorité des anarchistes comme «communistes», du fait que le premier courant voulait utiliser un État dirigé par les travailleurs et la collectivisation comme outil de transition, au contraire du second qui voulait utiliser directement des moyens libres et autonomes pour atteindre l'objectif recherché.

Cependant, selon le français Paul Lafargue le terme de «Collectivisme est un mauvais synonyme belge pour communisme. Le communisme a un passé historique et a eu pour représentants au début du siècle Owen et Fourier. En 1847, Marx et Engels ont publié le Manifeste communiste, document insemblable au XIXème siècle... Enfin, le mot ne fait en rien l'affaire si nous propageons les idées du communisme.»[9]

voir aussi collectivisme politique; et économique

Communisme et régimes de type soviétique

Les régimes politiques qui étaient en place dans l'Union soviétique et dans le «bloc communiste» sont couramment désignés actuellement sous le nom de «régimes communistes». En URSS, on sert à désigner du nom de «communiste» les membres du parti et uniquement eux[10]. La qualification «communiste» de ces régimes est contestée essentiellement par des communistes ou sympathisants. Cependant, cette position est assez récente car, dans les années 1980, les dirigeants des principaux partis communistes des pays occidentaux (comme par exemple Georges Marchais) soutenaient ouvertement le régime en place à Moscou. Des marxistes et des anarchistes, ont analysé dès leur apparition ces pays comme des régimes «capitalistes d'État». Les trotskystes estiment qu'il s'agit d'une monstrueuse dégénérescence d'un «État ouvrier» issu de la Révolution russe. La majorité des communistes (staliniens) reconnurent longtemps ces régimes comme découlant de leurs idées. Les adversaires du communisme considèrent que la nature autoritaire ou totalitaire de ces régimes découle logiquement de l'idéologie communiste.

Les dirigeants de ces pays les déclaraient «socialistes». Ce terme fut le plus couramment utilisé dans ces pays, où était pratiquée une planification économique. Le «socialisme» fut défini par des théoriciens léninistes comme l'étape préliminaire et indispensable vers le communisme, la société parfaite sans classes ni propriété. Ce régime fut nommé aussi au départ la dictature du prolétariat, terme abandonné vers 1936 pour le «socialisme triomphant» et ensuite, vers les années 1970, le «socialisme développé».

Une société communiste se définit au plan théorique comme une société sans classes, sans salariat et sans État. L'URSS, ses républiques composites et satellites et l'ensemble des pays socialistes n'ont jamais réalisé l'idéal communiste, même selon les théories staliniennes : ils se disaient «en route vers» le communisme.

Les bases du communisme

Marx lui-même n'est pas le créateur du socialisme ou communisme. Bien d'autres auteurs y avaient pensé avant lui, Rousseau avance déjà l'idéologie comme dans son Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité, où il explique que l'invention de la propriété est nuisible "Gardez-vous d'écouter cette imposture; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n'est à personne". On peut aussi citer Gracchus Babeuf. Le communisme s'appuie aussi sur le philosophe allemand Kant.

Les idées du communisme

La théorie économique et sociale

Sur le plan de l'organisation sociale et économique, le mot communisme conjecture l'organisation d'une société :

Des difficultés théoriques et pratiques se posent pour l'instauration du communisme :

En URSS, les individus parvenant à maîtriser le dispositif politique chargé de gérer l'appareil de production ont constitué spontanément ce que Léon Trotski a nommé la "bureaucratie", et Mikhaïl Voslenski la "nomenklatura". Poursuivant des fins propres (intérêt personnel et/ou intérêt de classe) et non l'intérêt général, ce groupe a utilisé le régime à son profit. Pour prévenir de tels dangers (que les léninistes estiment présents en particulier peu de temps après l'instauration de «l'État ouvrier») il faudrait un contrôle de la totalité de la population sur les différents responsables, à l'ensemble des niveaux, et leur révocabilité (c'était la revendication des ouvriers et soldats des années 1920 en Russie soviétique : «Tout le pouvoir aux Soviets !»).

Les moyens politiques

Le passage d'une société non communiste à une société communiste forme un moment délicat : les moyens divergent selon les tendances existantes au sein du mouvement communiste, néanmoins la période révolutionnaire (avec l'ensemble des conséquences d'une révolution) est une base commune, même si les moyens pour la réaliser ne le sont pas.

Dans la théorie marxiste, le communisme est l'aboutissement ultime de l'évolution des sociétés humaines de la commune primitive à l'esclavagisme, de l'esclavagisme au féodalisme, du féodalisme au capitalisme, du capitalisme au socialisme par la révolution, et du socialisme (qui n'a pas fini de s'affranchir de l'ensemble des traces du capitalisme ni la propriété privée de biens meubles ou immeubles familiaux) au communisme (où il n'y a plus ni propriété privée, ni classes). Ce dernier ne pourrait alors en fin de processus qu'embrasser l'humanité entière.

Des expériences, surtout en Espagne en 1936 dans une période révolutionnaire, dans des collectivités (il existera aux alentours de 3 000 collectivités dans toute l'Espagne) aragonaises ou catalanes (et dans d'autres régions), ont effectué des réalisations partiellement communistes (en laissant, et de manières diverses selon la situation de chaque collectivité, aux petits propriétaires, quand cela ne gênait en rien les moyens de réaliser la subsistance des collectivités, la liberté de garder leurs biens ou de s'associer ou non aux collectivités).

D'autre part, dans les pays à régime dit «marxiste-léniniste» d'inspiration soviétique, l'étape dite «révolutionnaire» a donné naissance à des républiques dites «populaires» ou «démocraties populaires», l'évolution ultérieure, après «liquidation des classes exploiteuses» devant aboutir à des «républiques socialistes» (certains de ces états estimèrent y être parvenus), et finalement à une seule «république communiste» mondiale. Les intitulés officiels de ces États étaient censés refléter l'état d'avancement de leurs sociétés vers l'objectif communiste. Les appellations de courtoisie officielles reflétaient elles aussi la situation de chaque interlocuteur comparé à cet objectif : quiconque était censé le poursuivre était un «camarade» ; quiconque y consentait passivement était un «citoyen» ; quiconque ne le poursuivait pas était un «monsieur» ou une «madame» (interlocuteurs étrangers issus des pays non-communistes) et quiconque s'y opposait était un «ennemi de classe» ou «du peuple».

C'est sur la façon d'organiser ce passage progressif à une société communiste que les courants se séparent en plusieurs approches :

Selon Marx, la Commune de Paris, malgré l'ensemble des imperfections qu'elle comportait, a été l'expérience historique la plus proche du communisme, par la mise en place d'un début de démocratie véritable[12].

Des anarchistes appelleront les associations de travailleurs à se fédérer de manière autonome. Errico Malatesta développe dans le gradualisme révolutionnaire l'obligation de l'autonomie du mouvement ouvrier, afin d'éviter toute avant-garde éclairée, ou de futurs gouvernements «ouvriers». L'entraide (pour réaliser les moyens à l'émancipation sociale) et la lutte révolutionnaire directe (pour se libérer de l'exploiteur et de ses soutiens) pour mener à des conditions favorables à la réalisation du communisme. Le communisme est reconnu par les anarchistes, selon la situation, comme une économie réalisable aussitôt la révolution entreprise ; des auteurs comme Pierre Kropotkine exposeront des possibilités d'économies communistes, dont la prise au tas, organisée de manière communale.

Les idées connexes du communisme

On doit aussi citer des valeurs ou idées découvertes ou reprises à son compte par le communisme :

Histoire : le communisme dans l'histoire

Pays s'étant déclarés "socialistes" à travers l'histoire.
Article détaillé : Histoire du communisme.

Le mot communisme sert à désigner une idée mais également des mouvements politiques, divers et contradictoires, qui militent pour l'avènement d'une société sans classe sociale, sans salariat, sans propriété privée de moyens de production, sans État et sans capitalisme. L'objectif proclamé est la liberté et l'égalité de l'homme.

On trouve parmi les mouvements politiques qui se revendiquent du communisme autant des anarchistes que des marxistes ou des mouvements de lutte ouvrière.

Les régimes s'étant déclarés «socialistes» ou «en route vers le communisme» : l'Union soviétique, les pays autodésignés comme "démocraties populaires" d'Europe centrale et orientale, la République démocratique allemande (RDA), la Chine, Cuba, le Cambodge, le Vietnam, l'Afghanistan, l'Angola, la Corée du Nord et le Laos se revendiquaient du «marxisme-léninisme», courant qualifié par les autres communistes de Stalinisme, y compris après la «déstalinisation» de 1956 (qui n'a concerné ni la Chine de Mao, ni la Corée du Nord, ni l'Albanie). Ces États se sont livrés au bâillonnement de l'opposition, pouvant aller jusqu'à l'élimination physique, à un contrôle quasiment absolu de la société ainsi qu'à la destruction de toute liberté d'expression. Cependant, à plusieurs reprises, il y a eu dans ces régimes des dirigeants qui tentèrent de réaliser un "socialisme à visage humain" dans l'objectif de s'approcher de l'idéal communiste par la démocratie et en répondant aux aspirations des peuples : ce fut par exemple le cas de d'Imre Nagy en Hongrie, d'Alexandre Dubcek en Tchécoslovaquie ou de Mikhaïl Gorbatchev en URSS. Tous échouèrent, «pris entre l'enclume stalinienne et le marteau capitaliste» selon l'expression de Dubcek en 1989.

Les différentes formes de communisme

Le mouvement politique anticapitaliste naît dans les années 1840. Porté par une classe ouvrière démographiquement croissante et pauvre, il se développe plus tard au sein de l'AIT, dont il fait partie des principaux courants. Au lendemain de la défaite de la Commune de Paris en 1871, c'est la scission entre marxistes et anarchistes autour de la question de la méthode pour éliminer la propriété individuelle caractéristique du capitalisme : les marxistes estiment indispensable une période de transition avec collectivisation des propriétés, sous le contrôle d'État «socialiste» devant dépérir progressivement ; tandis que les anarchistes prônent une abolition directe de la propriété, tout en organisant la fédération économique des moyens de production et de consommation. Le mouvement communiste est par conséquent composé à l'origine de deux branches politiques principales : anarchistes communistes et marxistes.

Sur les différents mouvements historiques et/ou politiques ayant appliqué le communisme ou s'étant référencés au communisme (comme théorie économique et sociale), et proposant différents moyens (République, étatisme, fédéralisme, préceptes de la Bible, conseillisme, communalisme, syndicalisme, révolutions, spontanéisme, etc. ), plus ou moins complémentaires, pour réaliser ce communisme :

Les sociétés présentant des caractéristiques communistes

La famille est , selon certains communistes chrétiens, un groupement ayant des aspects communistes (quoiqu'une majorité des communistes refusent la famille comme réalité communiste, du fait entre autres de l'héritage).

Critiques du communisme

Article détaillé : Critiques du communisme.

Les critiques du communisme visent à la fois les fondements théoriques du communisme et les politiques menées dans les faits par les régimes communistes.

Sur les fondements théoriques, il est reproché au communisme de prôner la «révolution ouverte» ou le «renversement violent»[14] de la société par la révolution et de mettre en place une société fondée sur la contrainte. Ainsi, Yves Guyot qualifie-t-il le collectivisme de «tyrannique»[15] en 1893 alors que le communisme en rejetant la propriété privée s'oppose à la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 : «L'objectif de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l'oppression.» Max Stirner, un des fondateurs de l'anarcho-individualisme, écrivait ainsi qu'«en abolissant la propriété personnelle, le communisme ne fait que me rejeter plus profondément sous la dépendance d'autrui, autrui s'appelant désormais la généralité ou la communauté»[16].

En 1876, dans une brochure du Parti ouvrier, Jules Guesde leur répond : «Pas de spoilation, mais au contraire, maintien de la propriété réellement personnelle existante, ou création pour les sans-propriété d'aujourd'hui, de la copropriété de demain. Nous sommes actuellement l'unique parti plus que défenseurs, créateur de la propriété pour tous.»[17].

Les économistes libéraux Ludwig von Mises et Friedrich Hayek ont aussi développé une critique du communisme comme économie planifiée, estimant qu'une «économie communiste» ne pouvait pas exister, surtout à cause du rejet du mécanisme des prix et de la loi de l'offre et de la demande. Mises écrivit ainsi dans Socialisme en 1922 : «Du fait de la destruction du dispositif des prix, le paradoxe de la «planification» tient à ce qu'il est impossible d'y faire un plan, faute de calcul économique. Ce qu'on dénomme économie planifiée n'est pas une économie du tout. C'est tout juste un dispositif de tâtonnements dans le noir.» L'économiste hongrois János Kornai poursuivit la critique économique du communisme et de l'économie planifiée, condamnée à être une «économie de la pénurie» selon lui, non à cause de défauts temporaires mais à cause des problèmes fondamentaux de la théorie.

Le communisme est critiqué pour les conséquences humaines, économiques, politiques ou environnementales entrainées par les régimes communistes. Un collectif d'historiens s'est ainsi livré à un recensement des victimes des régimes marxistes-léninistes dans Le Livre noir du communisme et Stéphane Courtois qui en dirigea les travaux rédigé dans la préface que «[l]e total approche la barre des cent millions de morts.»[18] (chiffre contesté par plusieurs historiens dont une partie des co-auteurs de l'ouvrage). Sont aussi critiquées les conséquences économiques avec la moindre progression de la prospérité des peuples sous un régime communiste, surtout à partir de la comparaison entre RDA et RFA ou Corée du Nord et Corée du Sud. D'autre part, la remise en cause des libertés principales et le culte de la personnalité des dirigeants ont été soulignés. Certains philosophes ou penseurs (Leszek Kołakowski, Friedrich Hayek estiment surtout que la mise en place du communisme ne peut déboucher que sur un régime tyrannique ou totalitaire.

En outre, les conséquences environnementales comme l'assèchement de la mer d'Aral à la suite des décisions prises par le gouvernement soviétique ont pu être soulignées par certains auteurs.

Enfin, Zinoviev s'est livré à une critique sur la base de la vie quotidienne en URSS et revendique «d'avoir observé la réalité soviétique, d'avoir perçu comment le communiste parfaitiste était vaincu par le communisme réel et d'en avoir conclu que la société soviétique excluait tout possibilité de créer le communisme parfait» (in Les confessions d'un homme en trop). Quoique les phénomènes communalistes selon Alexandre Zinoviev soient visibles dans l'ensemble des sociétés autant communistes et qu'occidentalistes, c'est en Union Soviétique et certainement dans l'ensemble des pays avec un dispositif social communiste (communiste réel) que ces phénomènes suivant les lois sociales et de la nature humaine jaillissent aux quotidiens dans la vie de millions de gens d'une façon extrême et poussée à outrance.

Adage communiste

Son origine

«De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins» est un adage socialiste de la révolution de 1848, promulgué en France par Louis Blanc. Elle a été reprise dans La critique du programme socialiste allemand de Gotha de 1875, par Karl Marx selon les vœux des ouvriers allemands «encore plongés dans la brume des aspirations et des formules démocratiques sentimentales qui caractérisaient le mouvement de 1848 aussi que ses levers et baissers de rideau»[19]. Des groupes politiques ou encore certains syndicats comme la CGT l'ont ensuite inclut dans la Charte d'Amiens depuis 1912.

La formule traduite du programme est «De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins !»[20] entre guillemets[21]. Selon cette critique, elle doit-être portée ou pourrait-être portée «dans une phase supérieure de la société communiste[22] une fois le communisme achevé. Et, Selon Lénine, dans L'État et la Révolution de 1917, «L'État pourra s'éteindre totalement lorsque la société aura réalisé le principe»[23].

Cependant, Lénine pose le problème de «Par quelles étapes, par quelles mesures pratiques l'humanité s'acheminera-t-elle vers ce but suprême, nous ne le savons ni ne pouvons le savoir.»[24]

En, 1936, Léon Trotsky va s'en servir comme levier contre le constitution soviétique et surtout contre le premier titre, «dit De la structure sociale en URSS, qui se termine par ces mots : "Le principe du socialisme : De chacun selon ses capacités, à chacun selon son travail, est appliqué en URSS"». [25]. En cette période de parfum de guerre, Staline aurait, par conséquent, trouvé une solution à la réalisation concrète de l'adage par «De chacun selon ses capacités, à chacun selon son travail». Pour Trotsky, ce dispositif mise en place est La Révolution trahie et «À tous ces égards, l'État soviétique est énormément plus prés du capitalisme arriéré que du communisme.»[25].

Critique communiste

Jules Guesde

L'expression «de chacun selon ses forces, à chacun selon ses besoins» est pour Jules Guesde un «vieux cliché – prétendu communiste»[26][27].

Dans cet article de L'Égalité de 1882 [28], son journal, il y rédigé que cet adage a été détourné «en vain» par «un de ces pères» : Louis Blanc. C'est par conséquent de Louis Blanc que cet adage associative a été repris à leur compte par certains socialistes du Parti ouvrier français l'opposant à la formule collectiviste : «De chacun selon les obligations de la production, à chacun selon son temps de travail.»[26]. Cette formule inappropriée pour Guesdes est cependant un des vœux de la masse ouvrière incrit depuis 1875 dans la Gloses marginales au programme du Parti Ouvrier allemand.

Ainsi, «ce n'est par conséquent pas les intentions qu'il incrimine. Il ne l'en prends comme toujours – qu'à la conclusion, qui n'est pas uniquement fausse, mais pleine de péril.»[26]. Et «Quant à la société communiste, qui ne deviendra une réalité vivante... et qui sortira de l'ordre collectiviste avec des producteurs ou des hommes transformés par les conditions nouvelles du travail, elle n'aura pas d'autre devise que celle inscrite par Rabelais à la porte de son abbaye de Thélème : fais ce que vouldras.»[26]

Alors, «Ni la production de chacun ne sera déterminée par ses forces, ni sa consommation par ses besoins.», et , «De chacun ainsi qu'à chacun selon sa volonté, telle sera l'unique règle sociale – si règle on peut appeler cette absence de toute réglementation.»[26]

Enfin, «cette liberté dans la production et dans la consommation sera envisageable, je le répète, parce que la nourriture. le vêtement, etc., existeront alors pour tous dans la même proportion que l'air ou que la lumière actuellement et parce que le travail énormément restreint, harmonisé avec les goûts et accompli en commun ou en famille – la grande famille humaine réconciliée – sera devenu un attrait, un besoin auquel nul ne sera assez ennemi de lui-même pour vouloir se soustraire.»[26]

Alexandre Zinoviev

D'après ce que rapporte Alexandre Zinoviev[29] dans Les Confessions d'un homme en trop, cet adage ou une parti de celle-ci, «à chacun selon ces besoins» est fréquemment discuté à son école de Moscou des années 1930. En effet, puisque le communisme (dit le communisme réel par Zinoviev) a été réalisé pleinement dans la vision politique russe, l'étape suivante est d'aller vers «De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins !» ou plutôt vers sa forme soviétique.

Dans les années 1930, des questions d'Alexandre Zinoviev, à 12 ou 13 ans telle que «Fallait-il entendre par là n'importe quel besoin ou bien uniquement les besoins minimaux? Comment les besoins seraient-ils définis, qui les fixerait et qui contrôlerait leur satisfaction?»[30] étaient en effet trop déroutantes et gênantes aux adultes dans cette ambiance que le dispositif a construit.

Ainsi, Zinoviev ayant vécu dans l'atmosphère en cette Russie de l'époque, rapporte que certaines questions et problèmes ne doivent pas être mis en évidence puisque le communisme réel en URSS est supposé parfait et par conséquent non sujette à la critique ou aux soulèvements. Et, mêmes si les élèves apprennent les histoires des révoltes et révolutions de l'histoire de l'humanité, il faut être esclave pour avoir l'honneur de se soulever. Cependant, dans un monde martelé de perfection, on ne le doit pas, sinon sans être pris, dans ce cas, pour un contre-révolutionnaire ou un renégat. Par conséquent et entre autres, ce communisme réel va à l'encontre du communisme parfait[31].. Ainsi, Zinoviev adulte, remarque que «dans le collectivisme soviétique réel, le principe "à chacun selon son travail" était violé plus fréquemment qu'il n'était observé»[32]

Conclusion à l'adage communiste

À travers l'histoire de Jules Guesde en 1885 et dans les années 1930 par le témoignage de Alexandre Zinoviev, l'expression enfantée de vœux chers à la masse prolétarienne toujours dans les brumes révolutionnaires peut-être détournée dans sa forme, sa signification et son application contre le socialisme.

Cependant pour Trotsky, «Marx usait, pour définir la société communiste, de la formule célèbre : "De chacun selon ses forces[33], à chacun selon ses besoins. " Les deux propositions sont indissolublement liées. "De chacun selon ses forces", cela veut dire, dans l'interprétation communiste et non capitaliste, que le travail a cessé d'être une corvée, pour devenir un besoin de l'individu ; que la société n'a plus à recourir à la contrainte; que les malades et les anormaux peuvent seuls se dérober au travail. œuvrant selon leurs forces, c'est-à-dire selon leurs moyens physiques et psychiques, sans se faire violence, les membres de la communauté, bénéficiant d'une haute technique, rempliront suffisamment les magasins de la société pour que chacun puisse y puiser beaucoup "selon ses besoins" sans contrôle humiliant. La formule du communisme, bipartite mais indivisible, suppose par conséquent l'abondance, l'égalité, l'épanouissement de la personnalité et une discipline particulièrement élevée.»[25]

Notes et références

  1. Ou plutôt «comme but» du socialisme, selon Jules Guesde, «Une formule prétendue communiste», L'Égalité, 1882.
  2. Karl Marx et Friedrich Engels, Manifeste du Parti communiste, chapitre 2 : «Prolétaires et communistes».
  3. Même si le terme d'«idéologie» est rejeté par une partie des communistes.
  4. Karl Marx et Friedrich Engels, L'Idéologie allemande, éd. La Pléiade, Œuvres, 1845, t. 3, p. 1067
  5. Engels, «Principes du communisme», in Qu'est ce que le communisme ?, 1847.
  6. cf l'article sur le marxisme, «je ne suis pas marxiste»
  7. Jules Guesde, «Une formule prétendue communiste», L'Égalité, 1882.
  8. Jules Guesde, Le collectivisme, 7 mars 1894
  9. in Jacques Macé, Paul et Laura Lafargue. Du droit à la paresse au droit de choisir sa mort, éd. L'Harmattan, 220p., 2001, p. 74
  10. note de Galia Ackerman et Pierre Lorrain in A. Zinoviev, Les confessions d'un homme en trop, éd folio actuel, p158
  11. Lénine, «Démocratie bourgeoise et démocratie prolétarienne», dans La Révolution prolétarienne et le renégat Kautsky, 1918.
  12. Karl Marx, La Guerre civile en France, 1871.
  13. Voir Anatole Leroy-Beaulieu, L'Empire des Tsars et les Russes, et références citées.
  14. Karl Marx et Friedrich Engels, Le Manifeste du parti communiste, I. Bourgeois et prolétaires
  15. Yves Guyot, La Tyrannie collectiviste, 1893. On peut aussi se référer aux Principes de 1789 et le socialisme
  16. Max Stirner, L'Unique et sa propriété
  17. Jules Guesde, l'apôtre et la loi, Claude Willard, éd. Les Éditions ouvrières, coll. La part des hommes, 1991 (ISBN 978-2-7082-2889-4), p.  70
  18. Stéphane Courtois, Le Livre noir du communisme, p. 8.
  19. in Souvenir sur Marx, partie Wilhelm Liebknecht, Souvenirs sur Marx (extrait) , éd du Sandre, p. 34, 1896
  20. Karl Marx, les Gloses marginales au programme du Parti Ouvrier, 1875
  21. formule peut-être pas de Marx mais un vœux du peuple) ).
  22. Karl Marx, la Gloses marginales au programme du Parti Ouvrier, 1875
  23. Lénine, L'État et la Révolution (1917), éd. de Pékin, 1978, Chapitre V. Les bases économiques de l'extinction de l'État, p. 120.
  24. Lénine L'état et la révolution, 1917
  25. Léon Trotsky, La Révolution trahie, 1936
  26. Jules Guesde, Une formule prétendue communiste, L'Égalité, 14 mai 1882
  27. cf aussi, Jules Guesde, En Garde !, éd. Rouff, p106-111, 1911
  28. cf aussi article dans La Petite République du 10 mars 1894 in en Garde !, Instruisez-Vous Mr R. Poincaré, p447 à 454
  29. L'originalité de Alexandre Zinoviev est en effet «d'avoir observé la réalité soviétique, d'avoir perçu comment le communiste parfaitiste était vaincu par le communisme réel et d'en avoir conclu que la société soviétique excluait tout possibilité de créer le communisme parfait» (in Les Confessions d'un homme en trop)
  30. Alexandre Zinoviev, Les Confessions d'un homme en trop, folio actuel, "les problèmes du communisme", p. 133
  31. Alexandre Zinoviev, Les Confessions d'un homme en trop, Folio actuel, 1991, 695p.
  32. Alexandre Zinoviev, Les Confessions d'un homme en trop, folio actuel, 1991, p. 55.
  33. "de ces capacité" dans l'adage de 1875

Voir aussi

  • Capitalisme d'État
  • Goulag
  • Eurocommunisme
  • Mouvement autonome
  • Extrême gauche
  • Soviet
  • Conseil ouvrier
  • Anticommunisme
  • Capitalisme
  • Libéralisme
  • Dictature du prolétariat
  • Communisme municipal
  • Bibliographie

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