Alain Badiou

Alain Badiou est un philosophe, romancier et dramaturge français, né à Rabat le 17 janvier 1937.



Catégories :

Naissance en 1937 - Naissance à Rabat - Ancien élève de l'École normale supérieure (rue d'Ulm) - Philosophe français - Philosophe politique - Philosophe du XXIe siècle - Personnalité de l'extrême gauche française - Maoïsme - Courant d'inspiration marxiste - Marxisme

Alain Badiou
Philosophe occidental
Philosophie contemporaine
Badiou.jpg
Naissance : 17 janvier 1937 (Rabat)
École/tradition : Philosophie continentale, post-structuralisme
Principaux intérêts : Esthétique, maoïsme, mathématiques, ontologie, politique, théâtre
Idées remarquables : Événement, inesthétique, métapolitique, modèle
Influencé par : Althusser, Deleuze, Lacan, Marx, Sartre, Wittgenstein
A influencé : Ray Brassier, Simon Critchley, Peter Hallward, Quentin Meillassoux, Slavoj Žižek

Alain Badiou est un philosophe, romancier et dramaturge français, né à Rabat (Maroc) le 17 janvier 1937.

Biographie

Son père, Raymond Badiou, normalien, professeur de mathématiques en classe préparatoire, résistant SFIO, fut maire de Toulouse de 1944 à 1958, avant de démissionner et de rejoindre le Parti socialiste unifié (PSU), à la création duquel il participe (en 1958), devant le ralliement de son parti à De Gaulle.

Ancien élève de l'École normale supérieure, cacique de l'agrégation de philosophie en 1960, Alain Badiou enseigne en premier lieu en lycée (tout en collaborant ponctuellement avec l'ENS), puis à la faculté de lettres de Reims (collège littéraire universitaire).

Militant au Parti socialiste unifié (PSU), dirigé alors par Michel Rocard, il participe, avec Emmanuel Terray, à un groupe de réflexion se réclamant du «marxisme-léninisme», et dénonçant «l'opportunisme de droite» de divers courants au sein parti[1]. Il rejoint à Normale le «groupe Spinoza», constitué en 1967 par Althusser, puis prend part, en 1969, à la création de l'UCF (ml) [2], maoïste.

Depuis sa création, il intègre l'équipe du Centre universitaire expérimental de Vincennes (année 1968-1969). Il contribue au développement de cette université (désormais Paris-VIII, déplacée de Vincennes à Saint-Denis) durant une trentaine d'années. A Vincennes, Deleuze raille son «bolchévisme», alors que Badiou reste plutôt du côté de Lacan, accusé par Deleuze et Lyotard de stalinisme [2].

Il devient professeur à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm en 1999, puis professeur émérite dans cette institution[3].

Il a aussi été directeur de programme au Collège international de philosophie.

Très influencé par Louis Althusser dans ses premiers travaux épistémologiques, il fait appel à la mathématique, seule capable, selon lui, de déployer l'ontologie.

Outre son activité de philosophe, Badiou est romancier et dramaturge, ce qui l'a amené à travailler avec des metteurs en scène comme Antoine Vitez ou Christian Schiaretti. Parallèlement, il effectue un travail d'éditeur auquel l'a initié son ami François Wahl : il a longtemps codirigé avec Barbara Cassin la collection «L'ordre philosophique» aux éditions du Seuil. Après avoir quitté le Seuil suite à un conflit de politique éditoriale, Cassin et Badiou poursuivent leur collection philosophique, désormais intitulée «Ouvertures», chez Fayard[4].

Parmi ses autres responsabilités, Badiou anime «Les Conférences du Perroquet» et participe, comme membre perpétuel, à l'Académie de philosophie du Brésil.

Sa vie et son œuvre peuvent être subdivisées en deux parties. Cependant, Alain Badiou lui-même récuse complètement cette dichotomie[5].

Philosophie

D'une part, ses travaux de philosophie à proprement parler, dont principaux sont L'Être et l'Événement (1988), suivi en 2006 de Logique des mondes. L'Être et l'Événement 2. Il y soutient la thèse que l'ontologie (théorie de l'être) est semblable aux mathématiques et , plus particulièrement, à la théorie des ensembles, et que la phénoménologie (étude des degrés de l'apparaître et de l'événement) est indistinguable de la logique, qu'il associe à la théorie des topos. Une des grandes thèses qui émerge de ces textes est que, du point de vue de l'être, rien n'appartient à soi (conséquence de l'axiome de fondation) et que l'événement n'est envisageable que s'il y a exactement une telle auto-appartenance. En conséquence, l'événement n'est pas. On doit aussi mentionner, pêle-mêle, son concept de «matérialisme démocratique» (il n'y a que des corps et des langages), opposé à celui de «dialectique matérialiste» (il n'y a que des corps et des langages, sinon qu'il y a des vérités), son appréhension de l'être, comme multiple et non comme un, sa théorie lacanienne du sujet, son exploitation du forcing de Paul Cohen dans une conception originale de la vérité, les quatre ancrages de sa théorie : l'amour, l'art, la politique et la science, ...

Ces deux textes élaborent un dispositif métaphysique de type à la fois respectant les traditions, par son caractère englobant et synthétique, et nouveau, par son intégration de théories mathématiques contemporaines, comme les constructibles de Gödel, le "forcing" de Cohen, la logique interne des topos, etc. Il participe ainsi, probablement à son corps défendant, au renouveau de la métaphysique, auquel on assiste, d'autre part, dans le monde de la philosophie analytique.

Ouvrages stricts, on abordera plus facilement les principaux concepts «badiousiens» en lisant en premier lieu le recueil Conditions, préfacé par François Wahl, ou les trois courts volumes Abrégé de métapolitique, Petit manuel d'inesthétique et Court traité d'ontologie transitoire, parus en 1998.

Engagement politique

Militant politique, Badiou a été l'un des dirigeants du maoïsme français (militant à l'UCFML), comme d'autres normaliens célèbres (Benny Lévy, Guy Lardreau, le linguiste Jean-Claude Milner, les lacaniens Jacques-Alain et Gérard Miller, qui, eux, militaient à la Gauche prolétarienne, etc. ). Il ne renie ensuite rien ou presque de cet héritage. Alain Badiou considère que les phénomènes comme le goulag et la Révolution culturelle ne doivent pas conduire, concernant le communisme, à «jeter le bébé avec l'eau du bain» et qu'«aujourd'hui, la démocratie n'est rien d'autre qu'un outil de propagande du capitalisme[6]».

En janvier 1979, il proteste contre l'«invasion du Cambodge par cent vingt mille Vietnamiens» et prend la défense de Pol Pot et de ses camarades Khmers rouges[7].

Depuis 1985, il assure le secrétariat de l'Organisation politique[8] avec Sylvain Lazarus et Natacha Michel. Ils y défendent la cause des ouvriers sans papiers des foyers[9].

Ce militantisme s'inscrit dans sa philosophie, ce qu'indiquent plusieurs de ses ouvrages récents : L'Éthique, la série des Circonstances (I, II, III et IV) [10], qui parlent du terrorisme ou de l'élection présidentielle française de 2002, dernièrement Le Siècle et , comme suite de L'Être et l'Événement, Logiques des mondes, le 9 mars 2006.

Convaincu que la philosophie doit parler de son temps, Alain Badiou, comme la majorité des penseurs continentaux de sa génération, combat l'idée selon laquelle les problèmes philosophiques sont des questions éternelles, posées par n'importe qui d'une manière analogue. Enfin, il est un critique de la philosophie postmoderne ou encore de la démocratie parlementaire, au nom d'une démocratie rendue à «son sens originaire : l'existence des peuples, conçue comme pouvoir sur eux-mêmes». Il défend le communisme comme idée clivant la politique de ce qu'elle n'est pas contre les désastres des communismes dogmatiques[6]. Il considère en 2008 que «le mot “communisme” [... ]» a été «avili et prostitué[11]».

Renommée

Fondateur du Centre international d'étude de la philosophie française contemporaine[12], Alain Badiou est actuellement une figure de renom de la vie intellectuelle française ; ses livres Le Siècle et De quoi Sarkozy est-il le nom ? ont connu un important succès de librairie. Depuis la mort de Jacques Derrida en 2004, il fait partie des philosophes français les plus connus à l'étranger (surtout en Amérique latine, aux États-Unis et en Asie).

Critiques

L'engagement affirmé d'Alain Badiou à l'extrême gauche a suscité plusieurs polémiques[13], certains de ses critiques le qualifiant de «gourou gauchiste». La philosophe Myriam Revaut d'Allonnes l'accuse ainsi d'avoir «la haine de la démocratie[6]».

Jean-Claude Milner, suite à la publication de l'essai d'Alain Badiou Circonstances 3. Portées du mot «juif», l'a accusé d'antisémitisme[6]. Alain Badiou a cependant vivement rejeté ces accusations et s'est toujours publiquement élevé contre le procédé consistant à assimiler sa critique de la politique de l'État d'Israël à de l'antisémitisme, qu'il a fréquemment publiquement dénoncé.

Pierre Assouline a d'autre part vivement critiqué le ton de ses attaques contre Nicolas Sarkozy — qualifié par Alain Badiou d'«homme aux rats» dans l'essai Circonstances 4. De quoi Sarkozy est-il le nom ? —, considérant qu'un «Rubicon» était franchi dans l'«avilissement[14]».

Les critiques, reprises plus tard par Bernard-Henri Lévy, ont amené Alain Badiou à réagir dans un article intitulé «Tout antisarkozyste est-il un chien ?[15]». Alain Badiou a rappelé à cet égard que d'autres auteurs avant lui, à commencer par Jean-Paul Sartre, n'avaient pas hésité à recourir à la métaphore animale ou même à l'invective politique. Pour Jean-Paul Sartre, tout anticommuniste était «un chien», phrase violente dont Badiou décortique le «sens philosophique» dans le dernier chapitre de Circonstances 4. De quoi Sarkozy est-il le nom ?. Pierre Assouline a réagi à la riposte de Badiou, en reprochant au philosophe de dénoncer, «dans un même élan poussif vers un inaccessible humour mâtiné de dérision, tout critique de son ouvrage comme le porte-flingue de commanditaires invisibles[16]».

Adam Garuet, dans la revue Agone, rappelle que l'image de l'«homme aux rats» est une «référence spécieuse à Freud, pour expliquer que [Nicolas Sarkozy] a gagné la présidentielle en mobilisant l'électorat sur la thématique de la peur» et perçoit chez Alain Badiou une posture qu'il qualifie de «radicale-chic», ses propos relevant d'un «élitisme prétentieux» qui est «au principe de l'attirance des lecteurs à qui s'adresse d'ordinaire ce genre de produit»[17]. Pour expliquer l'écho médiatique qu'il a rencontré, Adam Garuet estime que «l'hermétisme et les références soignées fonctionnent à la manière d'un code pour initiés, dans lequel la totalité des producteurs intellectuels (écrivains, journalistes, cadres, etc. ) aiment se reconnaîtrent» et estime qu'Alain Badiou tient un propos «à ce point abstrait qu'il ne saurait former une véritable gêne pour le pouvoir» comme quand il a dénoncé dans les colonnes du Monde le «capitalo-parlementarisme»[17]. Adam Garuet se demande si ce texte aurait été publié «si son auteur avait appelé des actionnaires du Monde comme Lagardère ou le quotidien lui-même»[17].

Publications

Philosophie

Essais politiques

Essais critiques

Romans

Le troisième tome de Trajectoire inverse, annoncé sous le titre Bestiaires, n'a jamais été publié. Les trois genres livresques qui servent de titres (almagestes, portulans, bestiaires) sont repris à Exil de Saint-John Perse (cf. l'exergue de la trilogie inachevée).

Pièces de théâtre

Notes et références

  1. Voir A. Badiou, H. Jancovici, D. Menetrey, E. Terray, Contribution au problème de la construction d'un parti marxiste-léniniste de type nouveau, éd. Maspero, 1969, 56 p., qui lance au PSU un défi en vue du congrès de Dijon (6ème congrès du PSU)  : Le parti saura-t-il prendre toute la mesure des événements de Mai 68 ?
  2. Jason Barker, Alain Badiou : a critical introduction, Pluto Press, 2002, introduction.
  3. Noël Blandin, «Bibliographie / Biographie. Qui est Alain Badiou ?», La République des Lettres, 15 janvier 2008.
  4. Alain Beuve-Méry et Jean Birnbaum, «Divorce philosophique», Le Monde des ouvrages, 4 octobre 2007. Le détail de l'affaire est résumé ici même, s. v. François Wahl.
  5. Voir Alain Badiou, Logique des mondes. L'Être et l'Événement, t. 2, éd.  Seuil, 2006, p.  544. (ISBN 2020843242)
  6. Éric Æschimann, «Mao en chaire», Libération, mercredi 10 janvier 2007.
  7. Alain Badiou, «Kampuchea vaincra !», tribune libre publiée par le journal Le Monde du 17 janvier 1979.
  8. Qu'est-ce que l'Organisation politique ?, 2001.
  9. Alain Badiou, Sylvain Lazarus, Natacha Michel, Une France pour tous
  10. Voir sur ce sujet les articles de Roger-Pol Droit (Le Monde des ouvrages du 25 novembre 2005), de Frédéric Nef (Le Monde des ouvrages du 23 décembre) et de Daniel Bensaïd (Le Monde des Livres du 26 janvier 2006), de Claude Lanzmann, de Jean-Claude Milner et d'Éric Marty (Les Temps modernes, novembre-décembre 2005 / janvier 2006) et les réponses d'Alain Badiou et de Cécile Winter, suivies des contre-réponses de Claude Lanzmann et d'Éric Marty (Les Temps modernes, mars-juin 2006). Pour une présentation critique des thèses d'Alain Badiou sur les juifs, voir L'Arche, n° 574, février 2006 : «Alain Badiou et les juifs : une violence insoutenable». Les critiques d'Éric Marty à Alain Badiou ont été rassemblées dans un ouvrage, Une querelle avec Alain Badiou, philosophe (éd.  Gallimard, 2007). Voir aussi l'article de Philippe Zard, «Un étrange apôtre. Réflexions sur la question Badiou» dans la revue Plurielles, n° 13, 2007. Lire aussi la critique de cet ouvrage par Aude Lancelin, Le Nouvel Observateur, n° 2220, 24 mai 2007. Voir aussi la note de lecture sur Circonstances IV. De quoi Sarkozy est-il le nom ?, de Florent Schoumacher, sur le site de la revue Dissidences des éditions Le Bord de l'eau.
  11. «De quel réel cette crise est-elle le spectacle ?», Le Monde, 17 octobre 2008.
  12. Alain Badiou sur le site du CIEPFC.
  13. Raphaël Lellouche, «Ce que chuchote Alain Badiou. Une évolution de l'extrême gauche contemporaine», Controverses, n°7, février 2008.
  14. «De quoi Badiou est-il le nom ?», La République des ouvrages, blog de Pierre Assouline, 28 novembre 2007.
  15. «Tout antisarkozyste est-il un chien ?», Le Monde, 25 juillet 2008.
  16. «M.  Badiou est un aigle», La Républiques des ouvrages, blog de Pierre Assouline, 25 juillet 2008.
  17. Adam Garuet, «Radical, chic, et médiatique», Agone, 41-42 | 2009. [lire en ligne]

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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