Auschwitz ou le grand alibi

Auschwitz ou le grand alibi est un article publié en 1960 dans Programme communiste, la revue du Parti communiste international en français, plus tard réédité sous forme de brochure.



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Bordiguisme - Courant d'inspiration marxiste - Marxisme - Génocide juif

Auschwitz ou le grand alibi est un article publié en 1960 dans Programme communiste, la revue du Parti communiste international (PCI) en français, plus tard réédité sous forme de brochure. La paternité de ce texte serait quelquefois attribuée à Amadeo Bordiga lui-même, quoique son nom n'apparaisse pas dans l'article publié par le Programme communiste, et que celle-ci soit beaucoup contestée[1], [2].

Thèse

Selon l'ou les auteurs de cet article, les nazis n'auraient pas tant exterminé les Juifs parce qu'ils étaient Juifs, que parce qu'ils formaient une fraction importante de la petite bourgeoisie, classe condamnée à disparaître «par l'avance irrésistible de la concentration du capital[2].» L'antisémitisme moderne aurait été créé par cette même petite bourgeoisie pour se préserver comme classe, quitte à sacrifier une partie de ses membres. Le grand capital allemand, confronté à la crise économique, y aurait vu une aubaine : «il pouvait liquider une partie de la petite bour­geoisie avec l'accord de la petite bourgeoisie ; mieux, c'est la petite bourgeoisie elle-même qui se chargeait de cette li­quidation[2].» Ainsi, et selon l'ou les auteurs, l'antisémitisme ne serait que déterminé par les conditions socio-économiques, il ne servirait au capitalisme qu'à se régénérer, la petite-bourgeoisie ne se débarrassant des Juifs que pour survivre elle-même :

«À l'horrible pression économique, à la menace de destruction diffuse qui rendaient incertaine l'existence de chacun de ses membres, la petite bourgeoisie a réagi en sacrifiant une de ses parties, espérant ainsi sauver et assurer l'existence des autres. L'antisémitisme ne provient pas plus d'un "plan machiavélique" que "d'idées perverses" : il résulte directement de la contrainte économique. La haine des Juifs, loin d'être la raison a priori de leur destruction, n'est que l'expression de ce désir de délimiter et de concentrer sur eux la destruction[2]

Les nazis auraient dans un premier temps tenté de se débarrasser des Juifs en les expulsant, mais aucun autre pays n'était prêt à les accueillir, puisqu'eux aussi étaient confrontés au même genre de problème avec leurs petites bourgeoisies. La guerre aggravant toujours la situation, le grand capital allemand aurait alors été contraint d'organiser leur mise à mort.

Après la guerre, les «démocraties anti-fascistes» se seraient servi de la Shoah comme d'une propagande conçue pour démobiliser la classe ouvrière, en lui faisant croire qu'il existe une différence de nature entre elles et le fascisme, et en lui faisant oublier, par l'exhibition des reliques de l'Extermination, que celle-ci découle de la même logique du capitalisme à laquelle elles aussi obéissent. Dans cette perspective, les exhortations à combattre le fascisme au nom de la démocratie seraient un leurre conçu pour faire oublier au prolétariat que son véritable ennemi est et demeure le dispositif capitaliste : c'est en ce sens qu'Auschwitz, pris comme symbole de la barbarie nazie, serait le «grand alibi» des démocraties capitalistes[2].

Réception

Les thèses d'Auschwitz ou le grand alibi ont été contestées et dénoncées par plusieurs organisations d'extrême gauche, surtout celles qui se proposent comme principal objectif la lutte contre l'extrême droite[3].

D'autre part, Pierre Guillaume, qui fut proche des milieux bordiguistes, présenta le texte comme la première pierre de ce qui fut plus tard son ralliement au négationnisme (ce qui fut désavoué par le PCI). Cela a fait dire à certains (surtout Daniel Lindenberg[4] ou Valérie Igounet et , de façon plus mesurée, Pierre Vidal-Naquet) que cette brochure formerait le texte fondateur du négationnisme de gauche[5].

Ces conclusions sont vivement contestées par le PCI[3], qui nie toujours la singularité des crimes nazis et l'idéologie nazie à l'œuvre dans l'Allemagne du Troisième Reich, préférant expliquer le génocide des Juifs par une analyse socio-économique matérialiste :

«Car, c'est vrai, nous nions que "les crimes du nazisme restent uniques dans l'histoire" [... ] : il suffit de songer aux massacres des Tutsis au Rwanda, en se souvenant de la complicité criminelle de l'impérialisme français dans la préparation des tueries. [... ] [L]a racine de ces crimes se trouve dans le dispositif capitaliste lui-même[3]

Notes et références

  1. Auschwitz, or the Great Alibi, note de Mitchell Abidor
  2. Auschwitz ou le grand alibi
  3. «Nouvelles attaques contre Auschwitz ou le grand alibi», Le Prolétaire, n°454, juillet-août 2000.
  4. Il rédige ainsi (in «À gauche de la gauche», Histoire des gauches en France (sous la direction de Jean-Jacques Becker et Gilles Candat), Éditions La Découverte, Paris, 2004 ; volume 2 : XXe siècle : à l'épreuve de l'histoire, p. 130)  : «Mais ce sont les bordiguistes en 1960 qui "inventent" ce qui va devenir le "négationnisme" spécifique de l'ultra-gauche, et avant tout celui de la librairie La Vieille Taupe ("Auschwitz ou le grand alibi", Il Programma communista, 1960).»
  5. «2. De la Vieille Taupe et des cannibales», extrait des Assassins de la mémoire de Pierre Vidal-Naquet sur le site anti-rev. org

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