Anationalisme

L'anationalisme est une idéologie promouvant la sortie des clivages nationaux.



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L'anationalisme est une idéologie promouvant la sortie des clivages nationaux.

Anationalisme est un terme venant du mouvement espérantiste. C'est un concept politique qui regroupe tout ou partie des idées suivantes :

  1. un antinationalisme radical,
  2. l'universalisme,
  3. le mondialisme,
  4. la reconnaissance d'une tendance historique conduisant à l'homogénéisation linguistique au niveau mondial, et même quelquefois un certain désir d'accélérer cette tendance,
  5. la obligation pour le prolétariat mondial de s'éduquer et de s'organiser en accord avec ces idées,
  6. l'utilité de l'espéranto comme instrument d'une telle éducation politique.

Bien que conçu au sein de l'Association Mondiale Anationale, SAT, l'anationalisme n'est pas reconnu comme l'idéologie officielle de cette organisation. Cependant il n'est pas surprenant que l'anationalisme soit né dans la SAT, puisque, comme le montre le point 5. ci-dessus, l'anationalisme est une idéologie prolétarienne.

Les premières idées anationalistes apparaissent sous forme embryonnaire dans le projet de «Fédération Internationale des Travailleurs Espérantistes» proposé par la Fédération des Travailleurs Espérantistes de Bohème avant la première guerre mondiale. Ces idées, renforcées par l'expérience de la guerre, ont fortement imprégné les fondateurs de la SAT en 1921. Elles sont spécifiquement apparentes dans l'essai d'Eugène Lanti, For la Neŭtralismon! («À bas le Neutralisme !»), initialement publié sous le pseudonyme de "Sennaciulo" ("l'Anational").

Les premiers membres de la SAT considéraient fréquemment l'anationalisme comme une sorte d'idéologie coupole de la SAT, et s'appelaient eux-mêmes les "sennaciuloj" ("anationaux"). Avant la publication du Manifeste des Anationalistes de Lanti, le terme d'anationalisme était utilisé pour désigner des idées particulièrement différentes. Pour de nombreux membres de la SAT qui adoptèrent l'anationalisme à cette époque, cela signifiait fréquemment «l'internationalisme (prolétarien) plus l'espéranto», ou alors il s'agissait d'une version ouvrière de l'"homaranisme" de Zamenhof.

La comparaison entre l'Abécédaire de l'anationalisme (ABC de Sennaciismo), rédigé par Elsudo (Koltchinski) et publié par la SAT en 1924, et le Manifeste des Anationalistes montre à quel point le fossé pouvait être large entre différentes conceptions de l'anationalisme. Elsudo définit clairement la SAT comme un "mouvement pour l'anationalisme". Drezen, lors du schisme qui secoua le mouvement des travailleurs espérantistes dans les années 1930, ne reprochait pas à la SAT son anationalisme, auquel les communistes de la SAT se référaient jusque là dans le sens qui coïncidait avec leurs idées, mais plutôt un "anationalisme de marque Lanti".

Progressivement, le concept d'anationalisme fut formulé plus exactement par Lanti dans les organes de la SAT.

En 1928, Lanti publia une brochure, l'Espérantisme Ouvrier (La Laborista Esperantismo), dans laquelle il consacra un chapitre entier à la définition du nouveau concept. La tendance anationaliste n'avait jusqu'alors pas rencontré de réelle opposition au sein de l'organisation positionnée au dessus des tendances. Mais en 1929 la SAT entra dans une période de crise, et l'anationalisme devint l'argument principal utilisé par l'opposition pour attaquer la direction de l'organisation.

L'opposition affirmait que l'anationalisme était pro-impérialiste, et , par là même, réactionnaire. L'attaque soudaine et inattendue conduisit Lanti à publier anonymement en 1931 une brochure éditée en 3 000 exemplaires : le Manifeste des Anationalistes, qui sera ultérieurement traduit dans plusieurs langues. La version française sera tirée à 2 000 exemplaires.

L'anationalisme est défini comme suit dans le manifeste :

«Ce qui caractérise essentiellement l'anationalisme, c'est qu'il reconnaît le rôle immense que l'artificiel joue dans le monde. Cette faculté qu'a l'homme de créer, de produire, fait de lui le roi de l'ensemble des autres animaux. L'homme adapte la nature à lui, cependant que la bête doit s'adapter à la nature. Les anationalistes ne méconnaissent par conséquent pas la grande force qui réside dans la volonté de l'homme. Certes, ils savent que ce dernier ne peut par exemple se délivrer de son propre poids ou sauter hors de son ombre. Cependant, l'espace limité, où se déploie son activité, est assez vaste. Par suite, sa volonté peut produire de grandes œuvres. C'est pourquoi nous croyons que les «lois fatales» de l'Histoire ne sont que relatives.»

La citation suivante, tirée du même ouvrage, qui permet une meilleure compréhension de la nouvelle doctrine, fut dénoncée en son temps par les internationalistes staliniens, dans la mesure où elle contredisait ouvertement la nouvelle théorie en vogue du «socialisme dans un seul pays» :

«Les anationalistes combattent tout ce qui a un caractère national : langues et cultures nationales, traditions et coutumes nationales. L'espéranto est leur langue principale et ils considèrent comme accessoires les langues nationales. Ils se refusent à participer à toute lutte nationale et reconnaissent comme indispensable et profitable à la masse des exploités l'unique lutte de classe qui a pour but de supprimer les classes, les nationalités et toute exploitation de l'homme. (ibid. )»

Comme la doctrine hérétique ainsi exprimée rencontrait une certaine opposition au sein de la SAT ; les anationalistes se groupèrent en une fraction, dont le terrain d'action se situait hors de l'organisation, qu'ils continuèrent cependant de soutenir avec ferveur. Ils commencèrent alors à publier, de façon plus ou moins régulière, le Bulletin Anationaliste ("Sennacista Bulteno").

Après la mort de Lanti en 1947 et la reconstitution de la SAT suite à la guerre, les anationalistes recréèrent leur faction en 1948, sous la direction de R. Roberts. Les anationalistes de la SAT entreprirent et soutinrent financièrement deux rééditions du manifeste (1951 et 1970), mais aussi d'autres textes de Lanti.

En 1978, le congrès de la SAT, tenu à Lectoure, adopta une résolution, malgré les objections des anationalistes, qui déclarait entre autres : «La préservation des langues et des cultures ethniques est liée à la lutte pour un nouvel ordre social, et , donc, forme l'un des champs d'action des membres de SAT en faveur de la justice et de la liberté individuelle.»

Au cours des années 1980, tandis que T. Burnelle était secrétaire de la Fraction Anationaliste, une Déclaration au sujet de l'anationalisme fut votée. Elle insistait sur la lutte des anationalistes contre le nationalisme et en faveur du droit des individus à s'auto-déterminer ainsi qu'à définir librement leur propre identité. La fraction continua à être active, avec des périodes de creux, pendant les années 1980 et 90, tandis que le thème de l'anationalisme était toujours l'objet de discussion dans Sennaciulo, l'organe mensuel de la SAT.

Lors du congrès de la SAT à Nagykanizsa (Hongrie) en 2001, la Fraction Anationaliste s'est renconstituée, suite à un renouveau d'intérêt vis à vis de l'anationalisme et des sujets adjacent, qui s'était manifesté jusque là suite à la création d'un forum de discussion sur Internet. Lors de cette rencontre, une nouvelle Déclaration au sujet de l'Anationalisme, fortement inspirée de la précédente, fut votée.

Les anationalistes actifs dans la Fraction Anationaliste cultivent et développent des courants de pensées universalistes et radicalement antinationalistes, qui étaient déjà caractéristiques de l'anationalisme des années antérieures. Leur orientation est cependant moins strictement Lantienne que celle des génération précédentes, et ils ne recherchent pas l'homogénéité doctrinaire. Certains des membres de la Fraction s'efforcent de combattre des idéologies devenues particulièrement influentes au sein de la mouvance espérantiste généralement au cours des dernières décennies : l'ethnisme, l'instumentalisation de l'Espéranto au service de politiques identitaires, l'ethnopluralisme, le nationalisme linguistique et le protectionnisme linguistique, aussi nommé "défense de la langue".

Hors de la SAT et de sa fraction Anationaliste, il existe aussi un certain nombre d'espérantistes qui se réclament de l'anationalisme à des degrés divers. L'Anationalisme ne se propage pas hors du mouvement espérantiste ce que Eugène Lanti explique ainsi dans le cinquième chapitre de l'Espérantisme Ouvrier  : «propager l'Anationalisme auprès de «ceux qui n'ont pas de langue commune» (les «malsamlingvanoj», en fait les non-espérantophones) serait tout aussi irresponsable qu'enseigner les belles-lettres à des analphabètes.»


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