Léon Trotski

Léon Trotski, de son vrai nom Lev Davidovitch Bronstein, né le 7 novembre 1879 à Ianovka et mort assassiné le 21 août 1940 à Mexico par un homme de Staline, était un révolutionnaire et homme politique russo - soviétique.



Catégories :

Ancien bolchevik - Participant à la conférence de Zimmerwald - Participant au 1er congrès du Comintern - Participant au 2ème congrès du Comintern - Personne déportée sous le régime tsariste - Personnalité de la révolution russe - Personnalité de la guerre civile russe - Membre du premier Conseil des commissaires du peuple - Personnalité politique d'URSS - Historien russe - Trotskisme - Courant d'inspiration marxiste - Marxisme - Critique des religions - Personnalité politique assassinée - Personnalité morte en exil - Naissance en 1879 - Décès en 1940 - Essayiste ou théoricien marxiste

Léon Trotski
Bundesarchiv Bild 183-R15068, Leo Dawidowitsch Trotzki.jpg
Naissance 7 novembre 1879
Ianovka
Flag of Russia.svg Empire russe
Décès 21 août 1940
Mexico
Mexique Mexique
Profession (s) homme politique, communiste révolutionnaire, partisan de la révolution russe de 1917

Léon Trotski (ou Trotsky, ou alors Trotzky ou Trotzki ; en russe : Лев Троцкий), de son vrai nom Lev Davidovitch Bronstein (en russe : Лев Давидович Бронштейн), né le 7 novembre 1879 à Ianovka (Ukraine actuelle) et mort assassiné le 21 août 1940 à Mexico (Mexique) par un homme de Staline, était un révolutionnaire et homme politique russo-soviétique.

Militant marxiste, du Parti ouvrier social-démocrate de Russie puis, à partir de l'été 1917, bolchevik, il est plusieurs fois déporté en Sibérie ou exilé de Russie, et est surtout président du soviet de Pétrograd lors de la révolution russe de 1905. Principal artisan avec Lénine de la révolution d'Octobre (1917), il est le fondateur de l'Armée rouge et l'un des vainqueurs essentiels de la guerre civile russe de 1918-1921, mais aussi l'un des plus importants dirigeants du nouveau régime bolchevik.

Au cours de la guerre civile, il commande l'écrasement militaire de la Makhnovchtchina, qui, en 1921, sonne le glas, en Russie soviétique, de l'anarchisme reconnu comme «contre-révolutionnaire».

S'étant opposé à la bureaucratisation du régime ainsi qu'à Staline, ce dernier le fait chasser du gouvernement (1924) et du Parti (1927), puis l'exile en Asie centrale avant de le bannir d'URSS (1929) et de le faire traquer et assassiner par le NKVD.

À la fois orateur, théoricien, historien, mémorialiste et homme d'action, il est aussi le fondateur de la IVe Internationale (1938), et l'inspirateur commun dont se réclament toujours un certain nombre de groupes trotskistes à travers le monde.

Biographie

La maison des parents de Trotsky à Kherson.

Trotski naît dans un village du gouvernement de Kherson, en Russie du Sud, au sein d'une famille de fermiers juifs. À neuf ans, il entame des études à Odessa, puis les poursuit à Nikolaïev à l'âge de dix-sept ans. Il ne tarde pas à les abandonner, renonçant à devenir un mathématicien, sous l'influence d'un groupe populiste[1].

L'engagement politique

Trotsky en Sibérie, 1900.

Un temps tenté par les idées populistes, qui voient dans la paysannerie russe et ses habituelles jacqueries le ferment de la révolution future, il adhère aux positions politiques sociales-démocrates (1896). Sous le pseudonyme de Lvov, Trotski participe à la création d'une organisation révolutionnaire, surtout par la rédaction d'articles reproduits au moyen d'un hectographe et distribués à la sortie des usines.

En 1898, la police procède à des arrestations de masse durant lesquelles Trotski est arrêté. Il est transféré de prison en prison, en premier lieu à Nikolaïev puis à Kherson, et Odessa où il commence à étudier, dans les conditions que la prison lui permet. Trotski étudie les nombreux textes religieux à sa disposition à la bibliothèque de la prison, dont un certain nombre porte sur la franc-maçonnerie. Il s'initie aussi à la théorie marxiste à travers les rédigés d'Antonio Labriola. Le rapprochement de Trotski du marxisme est certainement en partie lié à la relation qu'il lie avec la jeune marxiste Alexandra Lvovna [2].

Trotski se marie avec elle en 1900 dans la prison de Moscou, pour éviter d'en être scindée, car il devait être envoyé en déportation en Sibérie à Oust-Kout. Ils ont deux filles. Ne supportant plus l'enfermement devant sa tâche à accomplir, il réussit à s'évader en 1902, en laissant sa femme et ses filles derrière lui. Lev Bronstein prend alors le pseudonyme «Trotski», selon le nom d'un gardien de la prison d'Odessa, qu'il choisit peut-être pour dissimuler ses origines juives[3]. Sous cette fausse identité, il émigre alors vers l'Angleterre.

L'exil

C'est à Londres qu'il fait la connaissance de Lénine dont il a entendu pour la première fois parler en 1900 et dont il a commencé à lire le traité politique Que faire ? peu avant son évasion de Sibérie. Lénine le fait entrer dans le comité de rédaction du journal Iskra (L'Étincelle), par cooptation.

À la fin de 1902, au congrès de Londres du POSDR qui voit la scission entre bolcheviks et mencheviks, sa position conciliatrice le pousse à se rallier brièvement aux mencheviks. Il rompt dès septembre 1904 avec cette minorité, qui ne recherche pas la réunification, et garde aussi ses distances vis-à-vis de Lénine, lui reprochant ses méthodes autoritaires et son attitude, qu'il qualifie de «jacobine»[4]. Il conserve cette position intermédiaire mais isolée durant treize années, cherchant à fusionner les deux courants de la social-démocratie. Ce n'est qu'après la révolution de Février 1917 qu'il adhère au parti bolchevik et affirme que sa position conciliatrice de l'époque était erronée.

Président du Soviet de Saint-Petersbourg en 1905

En 1905, lors de la première révolution russe, il devient, à l'âge de 26 ans, vice-président puis président du soviet de Saint-Pétersbourg, soviet composé en majorité de mencheviks. Au cours de la répression de la révolution de 1905, à peu près un an après celle-ci, il est condamné avec quinze autres personnes à la déportation. Cependant, il s'évade durant le voyage vers la Sibérie et entame alors son second exil.

C'est à ce moment qu'avec Alexander Helphand (aussi connu sous le pseudonyme de «Parvus») il formule la théorie de la révolution permanente : analysant la situation dans les pays «arriérés» comme la Russie, il pronostique l'impossibilité d'une révolution «bourgeoise» apportant un régime démocratique et liquidant le féodalisme. Pour lui, la faiblesse de la bourgeoisie russe ne lui permettrait pas d'effectuer ces tâches et d'instaurer le capitalisme, et c'est la classe ouvrière qui devrait prendre en main la destinée du pays pour passer directement du féodalisme au socialisme, sans passer par le capitalisme.

Nouvel exil

Fondateur du journal Pravda en 1912 à Vienne, où il fait d'autre part connaissance avec Adolf Joffe, il se pose en défenseur de l'unité de la totalité des sociaux-démocrates, toutes tendances confondues, y compris les plus radicales. Cela lui vaut de vives tensions avec Lénine. Il organise, en août de la même année, une conférence pour l'unification, en réponse à la conférence de Prague  ; mais les bolcheviks refusent d'y participer. Trotski quitte le «bloc d'août» peu de temps après.

La Première Guerre mondiale

Trotski et sa fille Nina, en 1915.

Au début de la Première Guerre mondiale, tandis que la grande majorité des partis sociaux-démocrates de la IIe Internationale succombent au nationalisme et soutiennent leurs gouvernements respectifs dans la guerre (vote des crédits de guerre, et quelquefois participation gouvernementale), Trotski fait partie des socialistes qui continuent à dénoncer le caractère impérialiste de la guerre, avec entre autres Lénine, le parti bolchevik et les mencheviks internationalistes, la tendance de Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg dans le SPD en Allemagne (Ligue spartakiste), Pierre Monatte et Alfred Rosmer issus de la CGT mais aussi des minoritaires de la SFIO en France, le Parti socialiste de Serbie, et la minorité du Parti social-démocrate d'Autriche autour de Max Adler. Il travaille un temps pour le quotidien Nache Slovo («Notre Parole»), dont il est un collaborateur à Paris, tout en étant en relation avec l'organisation interrayons de Saint-Pétersbourg.

Le 5 septembre 1915, à l'initiative du socialiste suisse Grimm, se tient à Zimmerwald une conférence socialiste internationale contre la guerre, à laquelle participe Trotski et dont il est chargé de rédiger le manifeste. Avec celle de Kienthal qui se tient en 1916, Trotski contribue au rassemblement de ceux qu'on nomme alors les internationalistes ou Zimmerwaldiens et qui formeront pour la majorité en 1919 la IIIe Internationale, dite aussi Internationale communiste.

Arrêté, puis expulsé de France en septembre 1916, il est conduit à Irun, en Espagne. Là, il est arrêté par la police espagnole et embarqué de force avec sa famille pour les États-Unis. Installé à New York à partir de janvier 1917, il contribue au journal Novy Mir («Nouveau Monde»).

Révolution russe de 1917

Léon Trotski arrivant en train à Petrograd en mai 1917.
Trotski avec Lénine et des soldats à Petrograd en 1921.

Après la révolution de Février 1917, Trotski décide de retourner en Russie en mai 1917. Selon Jennings C Wise, ce serait à l'aide du président américain Woodrow Wilson[5], qu'il obtient un passeport américain[6], qui lui permet d'arriver en Russie. Il est d'accord avec les «thèses d'avril» de Lénine, qu'il considère comme un signal de ralliement à ses propres idées de «révolution permanente». Il a alors abandonné l'espoir de parvenir à une union générale de l'ensemble des courants, mais continue cependant à travailler sur la fusion de l'organisation interrayons et des bolcheviks.

Quand le congrès d'unification a lieu, en août 1917, il est arrêté et emprisonné par le gouvernement provisoire. Malgré sa détention, il est élu au Comité central par le congrès. Libéré suite au putsch avorté du Général Kornilov, il devient président du soviet de Petrograd en septembre et du Comité militaire révolutionnaire en octobre, devenant l'un des principaux dirigeants bolcheviks de la révolution d'Octobre. Il réorganise l'Armée rouge, qu'il a fondé le 23 février 1918, en instaurant la en pleine attaque des pays occidentaux sur le territoire russe.

La nuit du 11 au 12 avril 1918, en période de Guerre civile russe et d'offensive des armées blanches, une action dirigée contre les anarchistes russes (qualifiés d'«anarcho-bandits») par le pouvoir bolchévique dont Trotski s'occupe personnellement lui fera dire : «Enfin, le pouvoir soviétique débarrasse, avec un balai de fer, la Russie de l'anarchisme[7] !»

Il occupe ensuite le poste de commissaire du peuple aux affaires étrangères jusqu'en 1918, duquel il démissionne après avoir signé les accords de Brest-Litovsk.

Il devient ensuite commissaire à la guerre de 1918 à 1925, durant la guerre civile. Il organise les opérations militaires et intervient sur l'ensemble des fronts à bord de son train blindé. En parallèle, il est membre du Bureau politique de 1919 à 1927.

En 1920 (surtout lors du IXe congrès du parti), pour pallier la situation économique catastrophique de l'URSS, Trotski propose la militarisation provisoire du travail : selon lui, cette mesure était rendue indispensable par le contexte de la guerre civile et de la révolution mondiale. Il posait déjà cette alternative en 1917 : «Ou bien la Révolution russe soulèvera le tourbillon de la lutte en Occident, ou bien les capitalistes de l'ensemble des pays étoufferont notre révolution[8].» Dans cette vision, toute grève est reconnue comme une désertion, et toute revendication est reconnue comme une insubordination.

En mars 1921, il ordonne l'assaut de la citadelle insurgée de Kronstadt.

Trotsky, personnage central de la propagande des deux camps, durant la guerre civile 

La lutte contre la bureaucratie

La signature de Trotsky.
Trotsky lors de son assignation à résidence à Alma-Ata, en 1928. Il y chasse.

En 1923, Lénine et Trotski , constatant la bureaucratisation du régime issu de la révolution, entrent en conflit avec la troïka Zinoviev-Kamenev-Staline. Dans son ouvrage Cours nouveau, il analyse l'évolution du parti bolchevik et propose des mesures pour limiter la tendance à la bureaucratisation qui se fait jour, en assurant une plus grande démocratie au sein du parti.

La mort de Lénine autorise la bureaucratie de s'imposer malgré la formation de l'opposition de gauche internationale. Il se rapproche tactiquement, à partir de 1926, de Zinoviev et de Kamenev dans l'opposition unifiée et dirige avec eux un courant qui s'oppose à Staline.

Cette opposition lui vaut d'être exclu du parti en 1927, et d'être déporté à Alma-Ata. Selon Trotski, la bureaucratisation du régime est due à la situation spécifique de la Russie : la révolution y a vaincu, mais dans un pays arriéré, isolé après l'échec des révolutions, épuisé par la guerre, manquant de tout, une couche bureaucratique s'est constituée sur la base de la ruine du pays. Staline finit par le faire expulser d'URSS en 1929, pendant que la répression s'abat sur ses partisans, qui sont envoyés au Goulag. Durant cet exil, il rédige de nombreux ouvrages et continue à militer pour le communisme et la révolution internationale.

Expulsé d'URSS

En février 1929, Trotski est conduit à Constantinople où il remet aux autorités turques une lettre déclarant qu'il est venu contre son gré, après quelque temps passé dans l'ambassade soviétique il effectue plusieurs déménagements et finit par être positionné en résidence surveillée sur l'île de Büyükada de l'archipel des Îles des Princes (Prinkipo) au large de Constantinople. Il publie un bulletin mensuel d'opposition en langue russe dès juillet 1929. En avril 1930, il organise une conférence qui déboucha sur la mise en place d'un secrétariat international provisoire de l'opposition communiste. Après quatre années passées en Turquie, il séjourne en France de juillet 1933 à juin 1935, puis expulsé à nouveau, il trouve refuge en Norvège. Son fils Sergueï Sedov, resté en URSS, sera tué au cours des Grandes Purges staliniennes des années 1930, de même que son gendre Platon Ivanovich Volkov et sa belle-mère Alexandra Sokolovskaya. La fille de Trotski, Zinaida Volkova, sera autorisée en 1931 à le rejoindre, en emmenant son fils, mais en laissant sa fille derrière elle en URSS. Le petit-fils de Trotski ne reverra sa sœur que plusieurs décennies plus tard, peu de temps avant le décès de cette dernière[9].

Intermède en Corrèze ?

Pendant son séjour en France, une fausse information, diffusée aux derniers jours de 1934, sous la plume de Georges Lecomte, membre de l'Académie française, s'est progressivement transformée en rumeur : Trotski aurait alors trouvé refuge en Corrèze (région qui «renferme», selon l'auteur, «un matériel conçu pour armer les réfugiés espagnols, lesquels entraînent des troupes du Front social au maniement révolutionnaire»), et surtout dans la ville de Tulle, dont la manufacture d'armes intéresserait spécifiquement le révolutionnaire en exil. Et Georges Lecomte de révéler que cet «indésirable» «abandonne deux fois par mois sa retraite pour venir, au vu et au su du gouvernement, converser avec Blum, Bergery, Doriot et les fusilleurs du 6 février». Il tient avec eux des «réunions où on élabore un coup de force contre la Patrie». On verra d'ailleurs réapparaître ce «ragot» dans divers ouvrages, surtout dans les Secrets de Jeunesse d'Edwy Plenel, livre dans lequel le journaliste prend au sérieux ce «séjour» imaginaire avec une simple réserve distante et s'interroge : «L'un des mystères de ce séjour, dont je n'ai pu toujours trouver la clé, est cette halte incertaine du Vieux en Corrèze, fin décembre 1934, début janvier 1935. Vacances, repos, rendez-vous, discussions ? Je ne sais[10].».

Le seul élément vrai dans ce récit, qui ressuscite le mythe du complot judéo-bolcheviquo-maçonnique, est qu'il y a dans la région quelques dizaines d'ouvriers anarchistes espagnols rescapés de la répression sanglante qui a décimé la grève générale des mineurs des Asturies en octobre 1934 et qui ne se livrent à aucun maniement d'armes. Tout le reste est du mauvais roman-feuilleton[11], ce qui agite néenmoins les représentants du pouvoir. Gilbert et Yannick Beaubatie, respectivement historien et philosophe, ont retracé, dans un ouvrage intitulé Trotsky en Corrèze[12], la «généalogie» de cette «rumeur».

La création de la IVe Internationale

Tableau de Diego Rivera représentant Trotsky tenant le drapeau rouge de la IVe Internationale, 1934.
Trotski en compagnie de camarades américains à Mexico, peu avant son assassinat, 1940.

Toute sa vie, Léon Trotski continua à défendre les acquis de la révolution russe et l'«État ouvrier» qui en est issu, tout en dénonçant ce qu'il nomme une monstrueuse dégénérescence bureaucratique. Selon lui, la bureaucratie russe est une couche sociale parasitaire, qui étouffe le pays en prélevant une part des richesses, et dont Staline est le représentant politique et le défenseur.

Devant la montée du fascisme en Italie, puis du nazisme en Allemagne, il préconise la constitution de fronts uniques de la part de l'ensemble des organisations ouvrières, malgré leurs divergences. Il n'est pas écouté et la politique de Staline aboutit à l'écrasement de la mouvance communiste allemande, la plus puissante et la plus organisée du monde. Après 1934, Staline finira par imposer la création de Fronts populaires.

Avec la révolution espagnole, les partisans de l'opposition sont massacrés par milliers. Les procès de Moscou se tiennent en août 1936 et aboutissent à l'exécution des principaux accusés : il en fut l'un des rares absents. Accompagné par le policier norvégien Jonas Lie, il quitte la Norvège en septembre 1936, pour aller s'installer au Mexique grâce au président Lazaro Cardenas, où il est accueilli dans la «Maison bleue» des peintres Diego Rivera et Frida Kahlo. Il a une liaison passionnée avec cette dernière, qui lui dédie même un tableau : Autoportrait dédié à Léon Trotski.

Les travaux de Trotski quant à l'organisation de l'opposition de gauche débouchent sur la création de la IVe Internationale le 3 septembre 1938 avec 25 délégués, représentant 11 pays. À son activité militante peut être associée celle de son fils Lev Sedov.

Assassinat

Stèle funéraire à Mexico.

Trotski est mortellement blessé le 20 août 1940 à Mexico, dans le quartier de Coyoacán, d'un coup de piolet dans l'arrière du crâne par un agent de Staline (Jacques Mornard ou Franck Jackson, de son vrai nom Ramón Mercader). Son meurtrier est arrêté par Joseph Hansen et Charles Cornell, deux militants américains qui lui servaient de gardes du corps et de secrétaires. Ce dernier est présent au moment du meurtre mais ne réussit pas à l'empêcher. Ramón Mercader sera ensuite remis à la police mexicaine et condamné à vingt ans de réclusion, peine maximale alors en vigueur au Mexique. Il sera décoré de l'ordre de Lénine en URSS.

Avant de succomber à ses blessures, Trotski put toujours confier : «Dites à nos amis : Je suis sûr de la victoire de la IVe Internationale.»[13].

Postérité

Pas de réhabilitation en URSS

Au contraire de d'autres victimes de Staline, Léon Trotski n'a jamais été officiellement réhabilité par les autorités de l'URSS, quoique son nom ait pu être à nouveau librement honoré au moment de la Glasnost, à la fin des années 1980[9]. En 1987, Mikhaïl Gorbatchev continuait d'attaquer le rôle historique de Trotski[14].

La mouvance trotskiste

Les nombreux mouvements membres de la Quatrième Internationale se réclament toujours de la pensée de Léon Trotski, quoique leurs positions politiques soient loin d'être homogènes, l'héritage de Trotski étant revendiqué de manière contradictoire[15].

La vision critique de Boris Souvarine

Boris Souvarine, qui a pris dès les années 1920 la défense de Trotski contre Staline, se montrait cependant particulièrement critique à l'égard de Trotski et considérait que «Trotski a contribué à forger avec Lénine le mythe néfaste de la «dictature du prolétariat» et le dogme funeste de l'infaillibilité du Parti, au mépris des idées réelles de Marx invoquées à tort ainsi qu'à travers. Tous deux, ivres de leurs certitudes doctrinales, juchés au sommet de la pyramide bureaucratico-soviétique, ont méconnu ce qui s'élaborait aux niveaux inférieurs, faisant preuve d'une inconscience qui a livré à Staline l'ensemble des leviers de commande.»[16]

La biographie monumentale d'Issac Deutscher

Quoiqu'ayant rompu avec Trotski en 1938, l'historien Isaac Deutscher entame en 1954, une biographie monumentale de Trotsky en trois volumes (Le prophète armé, Le prophète désarmé, Le prophète hors-la-loi), basée sur les archives personnelles du révolutionnaire russe à l'Université de Harvard ; elle est achevée en 1963. À propos de Trotsky, Deutscher reconnaît avoir un point de vue mêlé de «sympathie» et de «compréhension», même s'il le souhaite «aussi loin de celui du procureur que de celui de l'avocat»[17]. Sa longue biographie de Trotsky prend quelquefois des accents lyriques : la vie du «prophète» est présentée comme à la fois héroïque et tragique. Deutscher s'est emparé dans son œuvre de la vision trotskyste d'une «contre-révolution» menée par Staline en Union soviétique. Il considère que l'autobiographie de Trotsky intitulée Ma vie «est aussi scrupuleusement véridique que peut l'être un ouvrage de ce genre.» Il nuance toutefois : «elle n'en est pas moins une apologie, rédigée dans le feu de la bataille perdue que son auteur menait contre Staline.»[18]

Œuvres

Photo d'identité judiciaire prise par la police secrète tsariste (circa 1900).

Parmi les nombreux rédigés de Léon Trotski, on peut retenir entre autres :

Notes et références

  1. Léon Trotski, Ma vie, 1929, chapitre 6
  2. (en) Max Eastman, Leon Trotsky : The Portrait of a Youth, Faber and Gwyer, Londres, 1926, chapitres 3 et 4, disponible en anglais sur marxists. org
  3. Max Eastman, Leon Trotsky : The Portrait of a Youth, chapitre 8
  4. Trotski, Nos tâches politiques, 1904.
  5. (en) «Woodrow Wilson and a Passport for Trotsky»
  6. Jennings C. Wise, Woodrow Wilson : Disciple of Revolution, Paisley Press, New York, 1938.
  7. Voline, La révolution inconnue, livre 2, De l'anarchiste ukrainien.
  8. Cité par Boris Souvarine dans L'observateur des deux mondes et autres textes, La Différence, 1982, p.  154.
  9. (en) «Trotsky's Grandson in Moscow – A Conversation with Esteban Volkov», sur le site marx. org.
  10. Edwy Plenel, Secrets de Jeunesse, Stock, Paris, 2001, p.  239.
  11. Le quotidien Le Jour envoie un de ses collaborateurs sur les traces de l'ancien chef de l'Armée rouge. Une information laisse entendre qu'après avoir erré quelque temps entre Brive et Tulle (où se trouve, rappelons-le, la manufacture d'armes) Trotski aurait trouvé asile «dans la commune de Rosiers d'Égletons dans une petite maison bourgeoise isolée» que le journaliste finit par dénicher et qui se révèle «inhabitée depuis plusieurs mois». Un autre journal envoya néenmoins un correspondant à la recherche de la maison d'Égletons où «disait-on, Trotski menait joyeuse vie», et ne trouve rien ni personne. Le journaliste du Jour conclut sagement : «Trotski, qu'on croit voir partout en Corrèze, est peut-être à cent lieues mais les conversations vont leur train».
  12. Ouvrage publié aux éditions Le Bord de l'eau en 2007
  13. Michel Lequenne, «Trotski et trotskisme», Encyclopædia Universalis.
  14. «A review of two Trotsky biographies by Geoffrey Swain and Ian Thatcher» - World Socialist Website, 9 mai 2007
  15. Documentaire L'Extrême Gauche en France : le poids de l'héritage, France 5, 11 mai 2009
  16. Article «Staline : pourquoi et comment ?», revue Est et Ouest, 1er novembre 1977, reproduit dans le recueil Chroniques du mensonge communiste, Commentaire/Plon, 1998, p.  134
  17. Isaac Deutscher, Trotsky I. Le prophète armé, coll. 10/18, 1962, p.  11.
  18. Ibid. , p.  10.

Bibliographie

Films

Annexes

Liens externes

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