Matérialisme

Le matérialisme est une philosophie qui affirme que la substance du monde est de nature matérielle.



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Marxisme - Concept et outil théorique marxiste - Philosophie de l'esprit - Courant philosophique

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Définitions :

  • Doctrine ontologique (sur la nature de l'être) affirmant qu'il n'existe d'autre substance que la matière.... (source : pages.usherbrooke)

Le matérialisme est une philosophie qui affirme que la substance du monde est de nature matérielle (voir Démocrite).

Définition

Le matérialisme considère que la matière construit toute réalité et s'oppose au spiritualisme pour lequel l'esprit domine la matière. Matérialisme et spiritualisme sont des philosophies sur la nature de l'être. Leur opposition ne doit pas se confondre avec celle de l'idéalisme et du réalisme, qui sont des doctrines sur l'origine de la connaissance. D'une façon générale, le matérialisme rejette l'existence de l'âme, de l'esprit, de la vie éternelle, ou de Dieu. Il considère que la conscience, la pensée et les émotions sont les conséquences de mécanismes matériels. Pour le matérialisme, la mort du corps matériel entraine la disparition de la conscience et de la sensation d'exister. Le matérialisme considère que le monde résulte de mécanismes matériels, sans but et sans signification et que l'esprit est une illusion. Matérialisme et spiritualisme ne sont pas des doctrines du courant réaliste, leurs philosophies respectives reposent sur une représentation mentale de la réalité (idéalisme).

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Le terme est découvert par Leibniz en 1702, et revendiqué pour la première fois par La Mettrie vers 1748. Néenmoins et par conséquent rétrospectivement, les premiers matérialistes, dits mécanistes, sont des philosophes de l'Antiquité : Héraclite, Démocrite, Leucippe, Diogène, Épicure, Lucrèce. La philosophie classique a longtemps diminué le matérialisme des philosophes de l'Antiquité à des questions de physique sur la continuité de la matière (y a-t-il des grains de matière ? Les atomes évoluent-ils dans le vide ? etc. ). Cependant, en consultant Diogène Laërce, on constate que les ouvrages rédigés par les penseurs matérialistes de l'Antiquité sont pour la majorité des ouvrages d'éthique. Ainsi, dès l'Antiquité, les matérialistes prônent l'utilisation de la matière et du réel comme base principale pour expliquer les phénomènes, philosopher et produire le savoir. Pour les matérialistes, il n'y a que de la matière et le fonctionnement du monde ne peut être compris qu'en partant de ce qui est observable ou le sera. C'est par conséquent le principe essentiel du développement des connaissances en sciences (au sens large) qu'on retrouve au cœur du matérialisme. En cela, l'opposition est radicale avec Parménide, Platon, les stoïciens, puis les pères de l'Église chrétienne, et enfin l'idéalisme allemand, avec Kant et Hegel, pour lesquels le monde véritable et parfait existe en dehors de toute matière et de toute réalité observable. La vérité du monde ne peut être atteinte que par la pensée, la réalité du monde et sa matière n'étant qu'une représentation et une approximation imparfaite de la vérité. Cette différence principale qui existe depuis l'antiquité peut être prise comme la distinction irréductible entre le courant idéaliste et le courant matérialiste.

Acceptions envisageables

Il existe plusieurs acceptions au terme matérialisme suivant les contextes.

Le matérialisme éthique

Il sert à désigner une disposition de pensée qui consiste à se ramener au réel sur les questions de la morale. Aucune valeur morale n'est transcendante ou universelle dans la mesure où elles sont toutes issues des cultures humaines et des caractères innés de l'espèce. Une valeur morale est par conséquent un phénomène qu'on peut étudier comme on étudie une molécule en physique ou un langage en philologie. La valeur morale est une conséquence humaine dépendant des contextes, des histoires individuelles et collectives, etc. Elle n'a pas d'existence "en soi". Il n'y a par conséquent pas d'universalisme en matière de morale. Sur ce terrain, des penseurs comme Spinoza ou Nietzsche travailleront à échapper au relativisme en matière de valeurs en cherchant des moyens de distinguer les valeurs morales qui sont propices ou néfastes à la vie. Pour les matérialistes, l'homme comme individu est "au-dessus" de ses valeurs morales, il en est le créateur. Cette pensée s'oppose directement à la pensée parfaitiste pour laquelle les valeurs morales existent de toute éternité dans le fonctionnement de l'Univers, l'humanité n'ayant qu'à appliquer ces règles de vie. La fracture avec l'idéalisme se fait sur ce point. Historiquement, l'enjeu de cette différence a été et demeure colossal : les régimes politiques ont toujours favorisé l'orientation parfaitiste dans la mesure où elle incline l'individu à suivre simplement des règles édictées. À l'inverse, l'orientation matérialiste ramène l'individu à sa responsabilité personnelle quant à ses choix et sa façon de vivre quotidiennement. «Responsabilité personnelle» n'étant pas à confondre avec «libre arbitre» antinomique du déterminisme matérialiste.

Le matérialisme scientifique

Pour le matérialisme scientifique, la pensée se ramène à des faits purement matériels ou en forme un épiphénomène. La constitution du savoir scientifique repose toujours sur la comparaison : théorie-expérience ou théorie-observation, c'est cette comparaison qui valide ou invalide une théorie. En ce sens, l'idée du monde est soumise à ce qu'est réellement le monde, d'où l'orientation matérialiste qui est le fondement de tout savoir. C'est cette condition qui sert à rejeter toute forme de savoir fondé sur l'imagination détachée de toute réalité.

À l'inverse, le conte, le mythe, le dogme ou la science fiction ne s'occupe pas de savoir si les idées proposées sont en concordance avec la réalité.

La conception matérialiste de l'histoire

Article détaillé : Matérialisme historique.

La conception matérialiste de l'histoire (quelquefois nommée matérialisme historique ou nouveau matérialisme) est une vision d'origine marxiste d'analyse de l'histoire, des luttes sociales et des évolutions économiques et politiques fondée sur leurs causes matérielles : l'histoire des classes sociales, de leurs rapports, et de leur évolution. Elle a été définie et mise en œuvre surtout par Karl Marx et Friedrich Engels (Les Luttes de classe en France, Le 18 brumaire de Louis Bonaparte, Le Capital, Le Manifeste du Parti communiste, L'idéologie allemande), Rosa Luxemburg (Grève de masse, partis et syndicats, La Révolution russe) et Anton Pannekœk (Le Matérialisme historique).

Les historiens matérialistes attachent par contre nettement moins d'importance aux dynasties ou aux religions par exemple, reconnus comme des produits de leur époque et de leurs rapports sociaux et non comme des évènements influant profondément sur le cours de l'histoire. Le sociologue Max Weber travaillera énormément sur ces aspects. De même Pierre Bourdieu qui prolongera la notion de capital pour la rendre plus apte à rendre compte des rapports sociaux et luttes entre groupes sociaux. Leurs travaux montrent que si le matérialisme historique d'origine marxiste est une grille d'analyse puissante et demeure incontestablement une avancée spectaculaire dans l'étude économique et sociale, il demeure incomplet car négligeant tout facteur ne relevant pas directement de la possession de capital économique. C'est ce qui amènera Pierre Bourdieu à qualifier le matérialisme marxiste de matérialisme "court" ou "réducteur".

Principe

Le matérialisme est une hypothèse de travail, un postulat de fonctionnement pour la constitution du savoir. Tout savoir se forme à partir de l'observation ou de l'expérimentation du réel. L'être humain a toujours constaté des phénomènes (et des épiphénomènes) autour de lui et proposé des explications dans l'objectif de comprendre le fonctionnement de son environnement et du monde observable généralement (tout ceci dans l'objectif de favoriser et faciliter son existence). Le matérialisme propose deux fondements pour la constitution du savoir :

Constitution du savoir (ou de la science) dans le cadre du matérialisme

Pour certains il existe une controverse entre matérialisme et réalisme, mais d'autres voient dans le matérialisme une forme de réalisme[1]. Pour le matérialisme la confrontation entre :

est un point essentiel. Confronter les théories avec le réel est un point essentiel de la progression de toute forme de savoir sur le fonctionnement du monde (désigné aussi par science). On nomme fréquemment cette confrontation : validation.

Expliquer un phénomène a pour but de proposer un savoir solide et valable. C'est-à-dire un savoir qu'on puisse transposer et utiliser ensuite dans d'autres situations de même type, ou alors dans d'autres domaines si cela est envisageable. L'idée est qu'une explication qui n'est pas vérifiée ne permet de rien au sens où elle n'est qu'une conjecture envisageable parmi des milliers d'autres que tout un chacun peut imaginer et inventer. Si elle n'est pas validée, une théorie ne permet de rien (surtout, elle ne peut pas servir à faire progresser le savoir ou la science)  ; on ne peut pas se fier à elle pour expliquer davantage de choses simplement parce qu'on n'est pas sûr qu'elle rende effectivement compte des phénomènes observés et du fonctionnement de la réalité. Elle peut n'être qu'une proposition farfelue que seule la validation sert à consolider.

Ce mode de constitution du savoir est celui qui a été retenu pour définir ce qui est une science : une science moderne est un domaine où les hypothèses se confrontent avec la réalité, pour former le fondement des connaissances (sciences dites dures, sciences humaines, sciences du vivant, etc. ).

Les derniers développements des sciences et des techniques ont montré que la validation d'une théorie est un processus particulièrement complexe, dans lequel l'obtention d'une certitude scientifique est devenue plus complexe à saisir. En effet, compte tenu du fond chrétien dans la pensée occidentale, on a longtemps reconnu comme évidentes l'unicité et l'universalité de la description scientifique d'un phénomène (le mouvement scientiste à la fin du XIXe siècle sera par bien des égards l'apogée de cette pensée fausse). Heureusement, les révolutions scientifiques du début du XXe siècle ont apporté la notion de domaine de validité d'une théorie scientifique qui explique qu'une théorie scientifique n'est valide que dans certaines conditions qui indiquent dans quels cas il est envisageable d'utiliser telle ou telle théorie. Sorti de ces conditions d'utilisation, les résultats d'une théorie n'ont aucun rapport avec le réel puisque la théorie est employée n'importe comment. On n'aura pas idée de faire la cuisine avec une perceuse, c'est la même chose en science : un outil scientifique (une théorie est un outil scientifique) doit être utilisée dans son cadre d'application. Par exemple :

La règle est simple : Si on ne respecte pas le domaine de validité d'une théorie scientifique, on peut lui faire dire n'importe quoi. Typiquement, la naissance de la statistique en physique moderne avec la mécanique quantique pour décrire le comportement atomique et sub-atomique de la matière a permis à nombre de personnes ignorantes de dire que le "hasard" revenait dans la vie de l'ensemble des jours. Sauf qu'il ne s'agit pas de "hasard" puisque la mécanique quantique calcule particulièrement exactement des probabilités d'interaction (et que la validité de ces résultats est particulièrement bien vérifiée) et que cette théorie scientifique ne fonctionne qu'à l'échelle microscopique (atomique et sub-atomique), et qu'elle est totalement inutilisable à l'échelle macroscopique (c'est à dire : à notre échelle).

Bibliographie

Voir aussi

Liens externes

Notes et références

  1. Guillaume Lecointre, "Il est vrai que le matérialisme scientifique est réaliste, d'un réalisme qui postule que l'univers autour de nous existe vraiment indépendamment de nous, et qui postule en plus que cet univers est matériel", à propos de "J. Dubessy, G. Lecointre, M. Silberstein (ss la dir. ) (2004) Les matérialismes (et leurs détracteurs), Syllepse, Paris, 788 p. "

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