Fraction armée rouge

La Fraction armée rouge, était une organisation terroriste d'extrême gauche - se présentant comme un mouvement de guérilla urbaine - qui opéra en Allemagne de l'Ouest de 1968 à 1998, contribuant au climat des années de plomb.



Catégories :

Fraction armée rouge - Organisation marxiste-léniniste - Maoïsme - Courant d'inspiration marxiste - Marxisme - Organisation communiste - Histoire contemporaine de l'Allemagne - Extrême gauche

Rote Armee Fraktion
RAF, Baader-Meinhof-Bande
Classification
anti-impérialiste, communiste
Objectifs
Statut
autodissous
Victimes
33-34
Fondation
Date de formation 1968-1970
Pays d'origine Allemagne Allemagne
Fondateur (s)
Force
Nombre
Zone d'opération Allemagne Allemagne, Suède
Dernière attaque 30 mars 1993
Financement
Hold-up, Stasi
Filiation
Chefs principaux
Andreas Baader, Ulrike Meinhof
Groupes reliés
Logo de l'organisation : un pistolet-mitrailleur MP5 sur une étoile rouge.

La Fraction armée rouge (en allemand Rote Armee Fraktion, aussi connue sous le sigle RAF), était une organisation terroriste d'extrême gauche - se présentant comme un mouvement de guérilla urbaine[1] - qui opéra en Allemagne de l'Ouest de 1968 à 1998, contribuant au climat des années de plomb. Elle fut aussi surnommée Bande à Baader et groupe Baader-Meinhof, du nom de ses leaders historiques.

Les origines

Vers le milieu des années 1960, les mouvements étudiants (qui avaient vu le jour aux États-Unis essentiellement pour protester contre la guerre du Viet-Nam et pour l'obtention des droits civiques par la population de couleur) apparurent aussi en Allemagne. Tout comme plus tard en France juste avant mai 1968, la révolte portait sur plusieurs sujets, surtout sur les méthodes d'enseignement de l'université. Le slogan préféré lancé par les étudiants aux professeurs qui faisaient leur entrée solennelle en procession était alors (de) Unter den Talaren, der Muff von Tausend Jahren («sous les capes respectant les traditions des professeurs, l'air vicié de mille années [allusion au Troisième Reich, qu´Hitler souhaitait voir durer mille ans]»).

Après que les grands partis eurent décidé de former une grande coalition (CDU/CSU + SPD) le 1er décembre 1966, seul le petit parti libéral-démocrate restait en lice, les groupements d'étudiants décidèrent de créer l'Opposition extra-parlementaire ( (de) Außerparlamentarische Opposition - APO). Avant même cet acte fondateur, les manifestations atteignirent leur paroxysme. La visite officielle en Allemagne du Chah d'Iran Mohammad Reza Pahlavi (qui avait écrasé l'opposition dans son propre pays avec une extrême brutalité) et de son épouse Farah Diba en mai 1967, déclencha une vague de manifestations. Lors de l'une d'elles, des supporters du Chah attaquèrent des étudiants sans que la police ne réagisse et le 2 juin 1967, un étudiant, Benno Ohnesorg, fut tué dans une arrière-cour d'une balle tirée par un policier[2].

On considère que la RAF est née le 2 avril 1968. La création de l'organisation terroriste et sa violence sont liées au contexte en Allemagne à cette époque. Des jeunes Allemands commencent à demander à la génération précédente des comptes sur son rôle dans la période nazie[3], ainsi qu'à lui reprocher sa passivité. Appuyée sur une idéologie d'inspiration maoïste de guérilla urbaine, elle a procédé à de nombreux attentats ainsi qu'à des enlèvements et des assassinats spectaculaires qui ont défrayé la chronique jusqu'en mars 1998 (date de signature de l'acte d'auto-dissolution du groupe).

L'action anti capitaliste

Prison de Stammheim à Stuttgart

Après avoir déjà mené quelques actions diverses, Gudrun Ensslin, Andreas Baader, Thorwald Proll et Horst Söhnlein   (en) firent exploser le 2 avril 1968 vers minuit des bombes incendiaires artisanales dans des grands magasins de Francfort-sur-le-Main qui causèrent des dégâts évalués à 700 000 DM. À cette époque, la RAF n'employait pas de méthodes violentes envers les personnes. Ce n'est que le jeudi 14 mai 1970, lors de la libération de leur chef Andreas Baader, qui avait été arrêté par hasard par la police tandis qu'il essayait de se procurer des armes, qu'un agent de police fut tué. Plusieurs personnalités de haut rang furent assassinées, dont le procureur fédéral Siegfried Buback, exécuté en avril 1977 avec son chauffeur et son garde du corps[3].

La plupart des militants de la première génération, dont Andreas Baader et Ulrike Meinhof, ont été arrêtés en juin 1972 et incarcérés au quartier de haute sécurité de la prison de Stuttgart-Stammheim. En novembre 1974, Holger Meins meurt en prison après plusieurs semaines de grève de la faim. En mai 1976, Ulrike Meinhof est retrouvée pendue dans sa cellule après des conditions d'isolement sensoriel total.

Pour obtenir la libération de ses membres détenus à la prison de Stuttgart-Stammheim, la RAF kidnappe le président du patronat allemand Hans Martin Schleyer le 5 septembre 1977. Il est dénoncé comme ancien membre du parti nazi et des SS[3]. Le 13 octobre, un avion de la Lufthansa est détourné par un commando palestinien du nom de «Martyr Halimeh», prenant en otages plus d'une centaine de passagers et détournant l'avion sur Mogadiscio en Somalie. La prise d'otages prend fin le 18 octobre avec l'intervention des forces spéciales allemandes pendant laquelle trois des quatre membres du commando palestinien sont tués. Le même jour, les autorités allemandes annoncent la mort d'Andreas Baader, Gudrun Ensslin, la compagne de Baader, et Jan-Carl Jaspe, officiellement morts par suicides.

Emprisonnée aux côtés de ses camarades, Irmgard Möller fut quant à elle grièvement blessée. Elle affirmera plus tard qu'il s'agissait en fait d'assassinats orchestrés par Bonn. En représailles, la RAF annonce le lendemain la mort d'Hans Martin Schleyer. Son corps est retrouvé le lendemain dans le coffre d'une automobile à Mulhouse, en France[3]. Brigitte Mohnhaupt est impliquée entre autres dans ce meurtre, elle est reconnue alors comme la femme la plus dangereuse d'Allemagne. Le 12 novembre, c'est au tour d'Ingrid Schubert d'être retrouvée pendue dans sa cellule.

La thèse des assassinats est appuyée par le témoignage d'Irmgard Möller, autre militante de la RAF incarcérée à la prison de Stammhein en même temps qu'Andreas Baader et Ulrike Meinhof et qui a été victime d'une tentative d'assassinat dans sa cellule le jour de la mort de ses co-détenus (grièvement blessée de plusieurs coups de couteaux dans la poitrine). On a parlé de torture psychologique avec privation sensorielle.

Le terrorisme de la RAF a été l'épreuve la plus complexe pour la République fédérale allemande depuis 1949, date de sa création. Face aux attentats, le gouvernement a durci les lois et étendu les contrôles de police[3].

L'action anti-autoritaire

Le 12 mai 1972, la RAF attaque un poste de police à Augsburg le bureau d'enquête criminelle de l'état bavarois. L'attentat fut revendiqué par le commando Tommy Weissbecker.

L'action anti-imperialiste

Attentat au Terrace Club derrière le quartier général de la 5ème armée américaine à Frankfurt am Main en mai 1972

La RAF s'est attaquée en Allemagne aux casernes de l'armée américaine, alors engagée dans la guerre du Vietnam, au nom de la lutte anti-impérialiste.

Des connexions internationales

En juin 1970, plusieurs membres fondateurs de la RAF semblent s'être entraînés dans des camps du FPLP en Jordanie.

La Stasi semble avoir aidé et financé les activités de la Fraction armée rouge. En octobre 1980, la République démocratique d'Allemagne (RDA) accueille sur son territoire huit membres de la RAF en fuite. Parmi eux se trouve Susanne Albrecht, mêlée à l'assassinat de Jürgen Ponto, patron de la Dresdner Bank. Le régime communiste de la RDA leur octroie de nouveaux papiers d'identité. Les anciens terroristes mènent une existence tranquille jusqu'à la réunification allemande[4]. En 1984, la RAF s'allie au groupe français Action directe dans le cadre de la stratégie d'«unité des révolutionnaires en Europe de l'Ouest». Elle s'allie ensuite aux Brigades rouges italiennes en 1988, avant de se dissoudre en 1998.

La fin du groupe

Avis de recherche de la police allemande vers 1972, 1ère génération de la FAR.
Avis de recherche de la police allemande de 1986, 3ème génération de la FAR.

Le 30 novembre 1989, trois semaines après la chute du Mur de Berlin, le patron de la Deutsche Bank, Alfred Herrhausen est assassiné. Cet acte est aussitot revendiqué par la RAF[4].

Si le groupe ne sut pas mobiliser la classe ouvrière (comme les Brigades Rouges à leurs débuts), il put compter, du moins dans les années 70), d'un certain soutien de la part d'intellectuels et des milieux étudiants et militants, en Allemagne fédérale comme à l'étranger. Il reste néenmoins un symbole du sacrifice individuel pour le changement radical de la société, et a en ce sens influencé de nombreuses personnes et mouvements.

Entre 1970 et 1998, dates de la création et de la dissolution officielle du mouvement, ce dernier n'a compté au maximum qu'entre 60 et 80 membres actifs. La RAF a assassiné 34 personnes[3]. Des controverses ont aujourd'hui lieu au sujet du sort à accorder aux deux derniers détenus de ce mouvement.

Chronologie

Origines

Première période

Deuxième période

13 octobre 1977, détournement d'un avion de la Lufthansa sur Mogadiscio demandant la libération de plusieurs prisonniers politiques dont ceux de la RAF.
31 août 1981 : attaque du QG de l'USAAF de la Ramstein Air Base.
Autre photo de l'attaque du QG de l'US air force de la Ramstein Air Base.

Troisième période


Membres marquants

Victimes

Voir aussi

Références

  1. (fr) Das Konzept Stadtguerilla, Le concept de guérilla urbaine, tract de la Fraction armée rouge du 1er mai 1971, attribué à Ulrike Meinhof
  2. La thèse de l'accident fut admise par la justice. On apprit en 2009 que le policier, Karl-Heinz Kurras, était un agent de la Stasi. L'ombre de la Stasi sur les années de plomb, Libération, 28 mai 2009
  3. Cécile Calla, Terrorisme : l'Allemagne commémore les victimes de la RAF, Le Monde, 25 octobre 2007.
  4. Cécile Calla, Nombreuses interrogations autour du rôle de la Stasi, Le Monde, 25 octobre 2007.
  5. communiqué : http ://www. contre-informations. fr/doc-inter/allemagne/allemagne17. html
  6. communiqué : http ://www. contre-informations. fr/doc-inter/allemagne/newallem13. html
  7. communiqué : http ://www. contre-informations. fr/doc-inter/allemagne/allemagne22. html
  8. communiqué : http ://www. contre-informations. fr/doc-inter/allemagne/newallem14. html
  9. communiqué des prisonniers : http ://www. contre-informations. fr/doc-inter/allemagne/newallem6. html
  10. communiqué : http ://www. contre-informations. fr/doc-inter/allemagne/newallem10. html
  11. communiqué : http ://www. contre-informations. fr/doc-inter/allemagne/newallem15. html
  12. http ://www. ina. fr/archivespourtous/index. php?vue=notice&id_notice=CAB7701618601
  13. communiqué : http ://www. contre-informations. fr/doc-inter/allemagne/allemagne21. html
  14. communiqué commun : http ://www. contre-informations. fr/doc-inter/allemagne/allemagne10. html
  15. communiqué : http ://www. contre-informations. fr/doc-inter/allemagne/allemagne23. html
  16. communiqué : http ://www. contre-informations. fr/doc-inter/allemagne/allemagne6. html
  17. communiqué : http ://www. contre-informations. fr/doc-inter/allemagne/allemagne11. html
  18. communiqué : http ://www. contre-informations. fr/doc-inter/allemagne/allemagne14. html
  19. communiqué : http ://www. contre-informations. fr/doc-inter/allemagne/allemagne8. html
  20. http ://www. start. umd. edu/gtd/search/IncidentSummary. aspx?gtdid=197205110001
  21. http ://www. start. umd. edu/gtd/search/IncidentSummary. aspx?gtdid=197205240001
  22. http ://www. start. umd. edu/gtd/search/IncidentSummary. aspx?gtdid=197707300001
  23. http ://www. start. umd. edu/gtd/search/IncidentSummary. aspx?gtdid=197709050001
  24. http ://www. start. umd. edu/gtd/search/IncidentSummary. aspx?gtdid=198502010003
  25. http ://www. start. umd. edu/gtd/search/IncidentSummary. aspx?gtdid=198508080001
  26. http ://www. start. umd. edu/gtd/search/IncidentSummary. aspx?gtdid=198607090004
  27. http ://www. start. umd. edu/gtd/search/IncidentSummary. aspx?gtdid=198610100005
  28. http ://www. start. umd. edu/gtd/search/IncidentSummary. aspx?gtdid=198911300004
  29. http ://www. start. umd. edu/gtd/search/IncidentSummary. aspx?gtdid=199104010004

Bibliographie

Filmographie

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