Conscience de classe

La conscience de classe est un concept socialiste et provenant en particulier de la théorie marxiste, qui se rapporte à la possibilité pour une classe sociale de se rendre compte par elle-même de sa position sociale et de sa capacité à agir pour développer ses intérêts.



Catégories :

Concept sociologique - Concept et outil théorique marxiste - Marxisme - Philosophie politique - Stratification sociale

La conscience de classe est un concept socialiste et provenant en particulier de la théorie marxiste, qui se rapporte à la possibilité pour une classe sociale de se rendre compte par elle-même de sa position sociale et de sa capacité à agir pour développer ses intérêts.

Tableau de (en) Sergey Korovin peint en 1893.

Histoire et Conscience de Classe, par Georg Lukács, 1923

La conscience de classe, telle qu'exposée dans Histoire et Conscience de Classe de Georg Lukács (1923), sert à désigner le fait que chaque classe sociale possède une certaine conscience de ce qu'elle peut accomplir. Elle s'oppose surtout aux conceptions libérales de la conscience, qui prône la conscience individuelle comme base de la liberté individuelle et du contrat social. (voir : individualisme). La conscience de classe marxiste n'est pas un pré-supposé, mais une conscience qu'il faut mériter, et lutter pour. Elle n'est par conséquent jamais assurée : la conscience de classe prolétarienne est le résultat d'une lutte permanente pour la compréhension du processus de l'histoire.

Selon Lukács, le prolétariat est la première classe dans l'histoire qui pourrait développer une conscience de classe effective, du fait de sa position spécifique dans le dispositif capitalisme, mise en valeur dans le manifeste communiste. L'ensemble des autres classes, dont la bourgeoisie, sont limitées à par la fausse conscience qui les empêche de comprendre la totalité de l'histoire : plutôt que de comprendre le processus historique comme une succession de moments spécifiques, la bourgeoisie universalise le présent, et le proclame comme éternel. Ainsi le capitalisme n'est pas reconnu par la bourgeoisie comme une phase spécifique de l'histoire, mais au contraire il est naturalisé et reconnu comme un stade éternel non dépassable. Cette fausse conscience, qui forme l'idéologie dominante, est une véritable illusion qui ne peut pas être dépassée. Karl Marx l'avait aussi décrite dans sa théorie du fétichisme de la marchandise, que Lukács avait étendu dans son concept de réification. La théorie de l'aliénation de Marx expliquait la séparation qui s'opère chez le travailleur entre son être et son travail dans le dispositif capitaliste. Cette séparation tend à déshumaniser l'homme social et le conduire à un individualisme qui va lui laisser croire que son travail a une place prépondérante dans sa vie, encouragé en cela par l'idéologie bourgeoise dominante.

De plus, la spécialisation, caractéristique moderne du rationalisme, créé des domaines indépendants : les arts, la politique, les sciences, etc. Selon Lukács, seule une perspective globale peut expliquer comment interagissent tous ces domaines. Même si le bourgeois tente de s'émanciper du point de vue de l'individu, il est condamné par la fausse conscience. Comme individu, il verra toujours le résultat collectif des actions individuelles comme une loi objective. En ce sens, le libéralisme a poussé cette idée avec le concept de "main invisible" du marché.

A l'opposé, le prolétariat serait, selon Lukács, la première classe sociale à pouvoir aboutir à une conscience de classe véritable, et comprendre la totalité du processus historique. Le prolétariat prend chez Lukács la place du Weltgeist (esprit abstrait, conscience du monde) d'Hegel, qui accomplit l'histoire par le Volkgeist : la conception idéaliste de l'esprit abstrait faisant l'histoire est remplacé chez Lukács par une conception matérialiste basé non pas sur l'esprit abstrait, mais sur un concept concret : le prolétariat, à la fois "objet" de l'histoire et "sujet" de l'histoire. Objet (passif) par sa place créé dans le dispositif capitaliste, sujet (actif) par son travail qui forme le monde. La conscience de classe du prolétariat n'est pas immédiate; la conscience de classe ne doit pas être confondue avec la conscience que peut avoir chacun du futur, ou de la conscience des intérêts collectifs. La possibilité de la conscience de classe est donnée par le processus de l'histoire, qui transforme le prolétariat en marchandise, le rendant objet. La prise de conscience de classe n'est pas un simple acte du sujet : Plutôt que l'idée du bourgeois-sujet et de son concept idéologique correspondant de liberté de l'individu, le prolétariat a été transformé en un objet (une marchandise) qui, quand il prend conscience de lui-même, transforme la structure précédente.

Le rôle spécifique du prolétariat est une conséquence de sa position spécifique dans le dispositif capitaliste. Ainsi, pour la première fois selon Lukács, la conscience de sa classe est aussi la conscience de la totalité (du processus social et historique). Grâce au matérialisme dialectique, le prolétariat comprend que ce que le bourgeois, individuel, conçoit comme une loi de la nature, une loi physique immuable (le capitalisme), n'est en fait que le résultat d'un processus social et historique. De plus, selon Lukács, seul le matérialisme dialectique sert à lier l'ensemble des domaines issus de la spécialisation de la société moderne, tandis que le rationalisme moderne ne fait qu'analyser les domaines scindément, sans pouvoir comprendre la totalité.

Seul le prolétariat peut comprendre que ce qu'on nomme les "lois économiques" ne sont en fait rien d'autre que le résultat d'un processus social historique aboutissant à la société capitaliste. Ces "lois" sont le résultat des actions collectives d'individus, et ont été créé par la société. Marx et Lukács en déduisent que ces "lois" pourraient être changées. Les tentatives de transformer ces "lois" (de l'économie capitaliste) en des principes universels, valables pour toujours, ne sont qu'une forme de fausse conscience selon Lukács.

Le matérialisme dialectique contient une compréhension entière du processus historique, et peut aider le prolétariat dans sa lutte pour l'émergence de la conscience de classe.

Voir aussi

Liens externes

Recherche sur Google Images :



"et conscience de classe"

L'image ci-contre est extraite du site decitre.fr

Il est possible que cette image soit réduite par rapport à l'originale. Elle est peut-être protégée par des droits d'auteur.

Voir l'image en taille réelle (295 x 475 - 60 ko - gif)

Refaire la recherche sur Google Images

Recherche sur Amazone (livres) :




Ce texte est issu de l'encyclopédie Wikipedia. Vous pouvez consulter sa version originale dans cette encyclopédie à l'adresse http://fr.wikipedia.org/wiki/Conscience_de_classe.
Voir la liste des contributeurs.
La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 17/12/2009.
Ce texte est disponible sous les termes de la licence de documentation libre GNU (GFDL).
La liste des définitions proposées en tête de page est une sélection parmi les résultats obtenus à l'aide de la commande "define:" de Google.
Cette page fait partie du projet Wikibis.
Accueil Recherche Aller au contenuDébut page
ContactContact ImprimerImprimer liens d'évitement et raccourcis clavierAccessibilité
Aller au menu