Impérialisme
L'impérialisme est une stratégie ou une doctrine politique de conquête, visant la formation d'un empire, ou de domination.
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Idéologie - Géopolitique - Impérialisme - Concept et outil théorique marxiste - Marxisme
L'impérialisme est une stratégie ou une doctrine politique de conquête, visant la formation d'un empire, ou de domination. Ce terme est quelquefois utilisé pour désigner surtout le néocolonialisme. Par extension, «impérialisme» sert à désigner tout rapport de domination établi par une nation ou une confédération sur un autre pays.
Origine et évolution du terme
- John Atkinson Hobson emploie le terme pour la première fois en 1902 dans un ouvrage intitulé Imperialism . Dans cet ouvrage, l'auteur analyse les forces et les facteurs économiques moteurs de l'impérialisme et certains de ses prolongements politiques.
- Des auteurs marxistes, essentiellement Rudolf Hilferding, Rosa Luxemburg, et Lénine avec son ouvrage L'impérialisme, stade suprême du capitalisme (1916), reprendront le terme de Hobson et le populariseront. Dans le cadre de la théorie marxiste, l'impérialisme correspond à un stade de développement du capitalisme, et répond à une logique principalement économique et non pas politique. L'impérialisme est le moyen de faire face à la baisse tendancielle du taux de profit en étendant l'exploitation dans le monde colonial. Lénine analyse ainsi la guerre de 1914-1918 comme le produit de la lutte entre capitalistes pour l'appropriation des colonies. Au cœur de ce stade de développement du capitalisme, on trouve, après la concentration ayant eu lieu au XIXe siècle, le "grand" capital, beaucoup contrôlé par les banques et la finance selon Lénine.
- Cette thèse n'a pas cessé de faire l'objet de vives critiques. Surtout, de très nombreux auteurs ont contesté l'idée que la finalité de l'impérialisme soit avant tout économique. Un des premiers critiques de cette théorie, Joseph Schumpeter défend, par exemple, l'idée qu'il faut voir dans l'impérialisme un phénomène de nature sociologique. Il insiste ainsi sur l'importance de l'aristocratie, surtout les Junkers en Allemagne, dont la position sociale est fondée sur le contrôle de ressources politiques, l'exploitation de richesses terriennes locales, et la domination des métiers des armes. C'est plutôt dans cet habitus guerrier, rentré en synergie avec l'appareil de l'État moderne, que Joseph Schumpeter situe l'impulsion première de l'impérialisme, plutôt que dans les milieux capitalistes.
- En 1934, Wilhelm Röpke souligne, dans Impérialisme et capitalisme, que «la prospérité du capitalisme n'est pas fonction du nombre de kilomètres carrés dominés». Il s'efforce aussi de montrer que le capitalisme libéral, en défendant le libre-échange, forme un barrage à l'impérialisme. S'opposer au capitalisme rédigé-il, c'est renforcer les États et donc l'impérialisme des plus forts[1]. Selon cette tradition intellectuelle libérale, ce qui doit prévaloir, c'est la paix par le commerce dans laquelle les Etats, acteurs de l'impérialisme, ont un pouvoir limité.
- L'analyse de Hannah Arendt, dans les Origines du Totalitarisme (1951), rattache l'impérialisme à la notion d'expansion (à différencier de la conquête, selon elle ) comme fin en soi. Selon l'auteur, l'impérialisme est apparu lorsque l'État-nation devint trop étroit pour le développement de l'économie capitaliste. Son approche rattache l'impérialisme à la genèse du totalitarisme : d'une part il a inauguré une «politique mondiale», d'autre part il a préfiguré au sein de certains pays la négation de l'État-nation au cours du XXe siècle (exactions coloniales, pouvoirs spéciaux dans les colonies... ). L'impérialisme aurait aussi permis la naissance des conceptions raciales qui ont été exploitées par le nazisme.
Les impérialismes passés et présents
Antiquité
Conquête et maintien d'un empire colonial
- Empire ottoman
- Empire colonial portugais
- Empire colonial espagnol
- Empire allemand
- Empire colonial belge
- Empire britannique (Pax Britannica)
- Empire colonial français
- Empire colonial néerlandais
- Empire du Japon (Sphère de coprospérité de la grande Asie orientale ; expansionnisme du Japon)
- Russie impériale
Autres politiques impérialistes
- Impérialisme américain (voir Pax Americana)
- Impérialisme soviétique
Grandeur et décadence des Empires
Les historiens se sont toujours intéressés aux processus de formation et de décadence des empires, plutôt qu'à leur conservation. Les empires se définissent fréquemment par une durée de vie plus courte que les nations. C'est ainsi que la nation russe survit au démembrement de l'URSS. Par contre, les Empires qui ne subissent pas un écroulement interne, mais une invasion militaire ou migratoire, peuvent entraîner dans leur chute des nations.
Justification ethnocentrique
L'impérialisme se justifie fréquemment par des arguments de nature ethnocentrique : la puissance impériale est censée jouir d'une supériorité (culturelle, intellectuelle, technologique, économique ou raciale) sur le pays dominé. L'ethnocentrisme peut même être reconnu comme consubstantiel de l'impérialisme. Ainsi, les empires des temps anciens (ex. Rome), se sont accompagnés de la diffusion des valeurs du peuple ou groupe dominant, et les formes modernes d'impérialisme (y compris l'impérialisme "démocratique", voir infra) n'y échappent pas.
Impérialisme et démocratie
Le principe de l'impérialisme n'a pas forcément été reconnu comme incompatible avec la démocratie, certaines d'entre elles, à commencer par Athènes, ayant mené des politiques impérialistes à l'encontre des États voisins. Quelquefois même, la démocratie a pu servir de catalyseur à des idéologies impérialistes, les promoteurs de celles-ci jugeant que l'idéal démocratique dont ils se prévalent doit être exporté par-delà les frontières, au moyen de campagnes militaires si besoin est . L'exportation de valeurs démocratiques a pu justifier différentes guerres de conquête depuis la fin du XVIIIe siècle surtout, quand la démocratie s'est développée comme mode de gouvernement en Occident. Mais il est rare que ces campagnes aient en fait donné lieu à l'émergence de démocraties stables (avec de notables exceptions, comme l'Allemagne fédérale et le Japon selon 1945).
Formes d'impérialisme
L'impérialisme est une méthode de domination qui peut prendre de nombreuses formes : le pays dominé peut avoir le statut de colonie, de protectorat. L'impérialisme peut aussi être masqué par une égalité formelle et fictive entre pays dominateur et pays dominé : les pays frères de l'Europe de l'Est étaient des satellites de l'URSS, des pays subjugués militairement ou économiquement par l'Empire romain ou les États-Unis se sont vu qualifier d'alliés. En outre, l'impérialisme ne passe plus nécessairement par des relations d'État à État, ou d'État à population ; il peut s'agir de relations d'entreprises multinationales à filiales nationales, ou de multinationales à populations. Ce terme recouvre par conséquent une vaste diversité de réalités économiques, politiques et juridiques.
Impérialisme et colonialisme
Si le colonialisme est toujours lié à une conquête territoriale, l'impérialisme n'est pas nécessairement territorial mais peut être une domination culturelle, économique et politique par exemple. Des puissances européennes comme la France et l'Angleterre ont été de puissants empires coloniaux. Les États-Unis, au XXe siècle, au contraire, ont mené une stratégie d'impérialisme économique, qui consista à briser toute forme d'empire colonial à tendance autarcique. Avec la chute de l'URSS, l'impérialisme colonial a toujours reculé face à l'impérialisme "immatériel". La Chine reste le dernier grand empire colonial (colonisation en cours du Tibet et des autres provinces occidentales) .
Certains penseurs altermondialistes comme Toni Negri et Michæl Hardt s'écartent de la notion classique d'un impérialisme des nations et parlent métaphoriquement d'un impérialisme économique des multinationales, dont la mondialisation ne serait qu'un autre nom.
Impérialisme et mondialisation
Les antimondialistes s'opposent à la mondialisation en considérant que la mondialisation renforce le pouvoir les pays puissants sur les pays les plus pauvres. Cependant, l'ouverture des pays d'Asie (Corée du Sud, Singapour, etc. ) à la mondialisation leur a permis une croissance rapide et un affranchissement vis-à-vis des grands pays.
La mondialisation est reconnue par certains comme un rempart contre les dominations unilatérales.
Impérialisme et institutions internationales
Les courants de pensée majoritaires considèrent les institutions internationales (ONU, Banque mondiale, FMI, OMC, UNESCO, BIT, etc. ) comme des lieux d'échange et de collaboration, pour rendre plus efficaces par effet d'échelle les politiques d'aide aux pays les moins avancés (prêts, ouverture commerciale, aide au développement), d'élaborer des normes communes, de diminuer les barrières entre pays pour favoriser les échanges, de mettre en place des organismes d'«assurances monétaires» (rôle de banque centrale en dernier ressort du FMI).
Certains altermondialistes considèrent toutes ou certaines institutions internationales comme impérialistes ou bien jouant en faveur de pays impérialistes. Cependant, certaines d'entre elles, ne touchant ni aux aspects économiques ou militaires, comme l'ONU ou l'UNESCO, pourraient selon des altermondialistes servir à diminuer les effets néfastes qu'ils attribuent à la mondialisation économique.
Les tenants de la mondialisation démocratique considèrent que des institutions «élues» par la population mondiale, et moins soumises aux gouvernements des pays, pourraient permettre de lutter contre des dominations unilatérales.
Pour les libertariens, ces institutions forment une bureaucratie supranationale, qui perturbe le libre jeu du commerce mondial.
Pour les néo-conservateurs, certaines institutions seraient néfastes car elles entravent la transition de pays vers les modèles de libéralisme politique et économique (en particulier, l'ONU au sein de laquelle des pays non-démocratiques comme la Chine ou la Russie ont un pouvoir de véto).
Notes et références
- ↑ Wilhelm Röpke, Imperialismus und Kapitalismus, Zeitschrift für schweizerische Statistik und Volkswirtschaft, 1934,
Voir aussi
Liens externes
- Textes sur l'impérialisme et la colonisation (site personnel)
Bibliographie
- Wilhelm Röpke, Impérialisme et capitalisme, 1934, [1]
- Charles Zorgbibe, L'impérialisme, PUF, 1996.
- Rosa Luxemburg, L'Accumulation du capital, contribution à l'explication économique de l'impérialisme, 1913.
- Rudolf Hilferding, Le Capital financier, 1910.
- George Lichtheim (en) , De l'Impérialisme, Calmann-Lévy, Paris, 1972.
- Hannah Arendt, L'Impérialisme, traduction par Martine Leiris (1982) révisée par Hélène Frappat, Le Seuil (collection «Points / Essais», no 356), 2006 (ISBN 2-02-0798905)
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