Cornelius Cardew

Cornelius Cardew était un musicien et compositeur britannique de musique contemporaine, improvisée et avant-gardiste. Membre du groupe AMM et l'un des fondateurs, avec Howard Skempton et Michæl Parsons, de la totalité expérimental Scratch Orchestra.



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Compositeur contemporain britannique - Artiste contemporain britannique - Naissance en 1936 - Décès en 1981 - Décès par accident de la route - Maoïsme - Courant d'inspiration marxiste - Marxisme

Cornelius Cardew (* 7 mai 1936, Winchcombe, Gloucestershire - † 13 décembre 1981, Londres) était un musicien et compositeur britannique de musique contemporaine, improvisée et avant-gardiste. Membre du groupe AMM et l'un des fondateurs, avec Howard Skempton et Michæl Parsons, de la totalité expérimental Scratch Orchestra.

Rares sont les musiciens du XXe siècle qui, comme l'anglais Cornelius Cardew, auront essayé de faire cohabiter musique et politique avec tout autant d'exigence, d'intensité et d'inventivité. Compositeur, performeur, graphiste professionnel et militant marxiste-leniniste particulièrement engagé, il incarne à la fois les paradoxes et la formidable ébullition intellectuelle de son époque. Depuis sa disparition en 1981, son œuvre n'a jamais cessé de prendre de l'importance aux yeux des nouvelles générations de compositeurs.

Biographie

Né en 1936 dans une famille d'artistes, Cardew commence sa carrière musicale comme choriste. Admis à la Royal Academy of Music de Londres, il y étudie le piano, le violoncelle et la composition et devient un musicien remarquablement complet. En 1958, il se voit attribuer une bourse qui lui permet d'être l'assistant de Karlheinz Stockhausen au Studio for Electronic Music de Cologne. Stockhausen est impressionné par les talents variés de Cardew, qui peut autant interpréter de complexes partitions pour piano qu'improviser particulièrement librement sur n'importe quel instrument, et est au courant des techniques de composition les plus avancées.

Âgé d'à peine vingt-deux ans et déjà à la pointe de la recherche musicale européenne, Cornelius rencontre John Cage et David Tudor, alors en tournée à Cologne. Cet échange est déterminant et convainc Cardew d'abandonner l'école post-sérielle européenne pour se consacrer à une approche plus expérimentale de la musique.

La partition graphique

Cette époque correspond à une période de réflexion intense et de remise en cause de la notation musicale. Pour Cardew, l'interprétation musicale ne doit pas être réservée uniquement à quelques spécialistes. Il rédigé par conséquent plusieurs partitions sous forme de partitions graphiques, conçues pour rapprocher l'exécutant du compositeur. Selon lui, la notation n'est pas une fin en soi ; elle est juste un moyen de stimuler l'interprète qui doit à son tour accepter et assumer son importante contribution musicale à la pièce. Cardew cherche ainsi à libérer l'exécutant de la partition. Il est intéressant de remarquer que, déjà, il s'éloigne de Cage. Ce dernier cherche à «libérer» les sons de la partition par le biais de l'indétermination, mais impose fréquemment une attitude assez stricte à l'interprète.

Automn'60 et Octet'61 sont deux partitions de Cardew utilisant la notation respectant les traditions de manière déviante. Chaque note est directement liée à une action concrète et offre un très grand champ de possibilités à l'interprète. Ce dernier peut choisir la durée, l'instrument, la nuance et l'intensité. Ses choix entraînent toujours d'autres possibilités, mais aussi plusieurs restrictions. Il doit être extrêmement rigoureux et méthodique mais jouit d'une grande liberté. Liberté sur le papier seulement… Cardew constate en effet que, loin d'être un terrain libre et ouvert, ses partitions effrayent une grande partie des musiciens. Ceux qui s'y aventurent se trouvent finalement bloqués par la rigueur de son écriture.

La partition graphique forme une autre possibilité pour atteindre un équilibre entre précision et lisibilité. Cardew, graphiste de métier pour une maison d'édition, se révèle spécifiquement talentueux dans ce domaine.

Treatise

Son chef-d'œuvre en la matière est Treatise , qu'il compose de 1963 à 1967. Avec cette œuvre, il s'éloigne presque complètement de la notation musicale respectant les traditions. Treatise est un ensemble de formes géométriques enchevêtrées, traversé par une droite centrale qui sert le plus souvent de repère tout au long de la partition. L'instrumentation et le nombre d'interprètes sont libres. Il s'agit d'établir des rapports entre les formes graphiques et l'exécution. Il n'y a pas de règles prédéfinies ; chaque groupe d'interprètes établit ses propres rapports et les traduit musicalement. Cardew espère ainsi attirer ce qu'il nomme les «innocents musicaux», qui donneront, pense-t-il, les meilleures interprétations de l'œuvre.

La partition est particulièrement riche et inspire énormément de musiciens. Treatise est une vraie réussite musicale et fait de Cardew un compositeur particulièrement influent. En 1966, Morton Feldman dira de lui : «Quelque direction que puisse prendre la musique en Angleterre, elle ne pourra émerger qu'à partir de Cardew, à cause de lui, grâce à lui. Si les nouvelles idées sur la musique peuvent actuellement être perçues comme un mouvement en Angleterre, c'est parce qu'il tient le rôle d'une force morale, d'un centre moral.»

Néanmoins, Treatise symbolise aussi un échec pour Cardew. En effet, les meilleures versions sont jouées non pas par des novices mais par de solides musiciens, à la fois rompus aux pratiques musicales contemporaines et au graphisme. Sa remise en question de la notation classique au profit de la notation graphique n'a par conséquent pas résolu le problème de l'accessibilité. La musique expérimentale est toujours réservée à une élite, dont il est désormais l'un des meneurs.

L'improvisation

1966 est aussi l'année où il rejoint le groupe d'improvisation libre AMM composé alors de Lou Gare, Eddie Prevost et Keith Rowe. Avec AMM, il réfléchit à la notion d'improvisation. Ses réflexions aboutiront à un essai intitulé Toward an Ethic of Improvisation, dans lequel il dénonce surtout l'absurdité d'enregistrer des performances improvisées. L'improvisation est une interaction entre les musiciens, leurs états et le contexte du jeu. Sortie de ce contexte, l'improvisation perd de sa substance et devient, sur un disque, juste quelque chose de bizarre à écouter !

La politique

Cardew renforce ensuite son activité politique et adopte plus clairement un positionnement marxiste-léniniste. Musicalement, il suit les idées maoïstes, conciliant à la fois exigence artistique et clarté du message politique. Il compose alors The Great Learning, une œuvre s'inspirant de textes sur la religion confucéenne. Tandis que Treatise était entièrement dédié à l'abstraction, The Great Learning offre aux nombreux exécutants un choix énorme de situations et de matériaux particulièrement concrets. Chaque interprète est libre de choisir la partie qu'il veut jouer. Ainsi, chaque partie est une pierre ajoutée à l'édifice et chaque individu œuvre pour le bien-être de la communauté.

Le Scratch Orchestra

Pour pouvoir jouer cette partition qui nécessite énormément de personnel, Cardew forme avec Howard Skempton et Michæl Parsons le Scratch Orchestra, un groupe constitué en majorité de non-spécialistes. Au sein de cette micro-société artistique et démocratique, un Cardew n'a pas plus d'influence qu'un jeune inconnu. Chaque membre a la possibilité d'organiser un concert avec une petite partie ou bien avec l'ensemble des membres du groupe, dans un lieu de son choix. Purement conceptuelles ou articulées autour de classiques populaires, les représentations du groupe contribuent à libérer la musique de ses habitudes. N'importe qui peut lire, interpréter et contribuer au développement de la "Scratch music".

Le groupe se sépare en 1970 à cause de dissensions politiques entre Cardew qui se revendique du marxisme et les autres membres qui refusent l'engagement politique.

Période néo-romantique

À la séparation du groupe, Cardew abandonne complètement l'avant-garde, radicalisant ses activités politiques. Il adopte un style musical néo-romantique en revisitant des chansons à la gloire du parti. Il publie Stockhausen Serves Imperialism, pamphlet dans lequel il dénonce l'élitisme de l'avant-garde et fait une sorte de mea culpa.

C'est au moment où il remet en cause la rigueur de ses idées politiques qu'il meurt subitement, renversé par un chauffard qui n'a jamais été retrouvé.

Son influence

Aujourd'hui, l'œuvre de Cardew passionne de plus en plus d'artistes et les interprétations de son Treatise sont de plus en plus nombreuses, mais il est toujours complexe de parler d'héritage. Néanmoins, l'exemple des Canadiens de Trampoline Hall, qui organisent de surprenantes conférences dont les intervenants ne sont totalement pas spécialistes des sujets proposés, nous montre que l'influence de Cardew ne se limitera pas au monde musical.

Bibliographie

Liens externes

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